Mixtures

No. 3 - Décembre 1995

Dans ce numéro:


Éditorial

Par Gilles Rioux

La Fédération Québécoise des Amis de l’Orgue a fêté sa première année d’existence! Vive la F.Q.A.O.! Mais qu’est-ce que ça donne de faire partie de d’ça là, la F.Q.A. WO.?!?

Voici donc les raisons, que dire, les avantages extraordinaire d’adhérer à la F.Q.A.O. Premièrement, ça vous donne le droit de voter aux élections du conseil d’administration à l’assemblée générale. C’est quelque chose ça! Ensuite, ça vous donne, deux fois l’an, la chance de lire un numéro tel que celui que cous tenez entre vos mains actuellement, et ce, tout à fait gratuitement!! Pour les habitués de Mixtures, vous remarquerez que la qualité d’impression est meilleure que les numéros précédents, ce qui est une amélioration à tous points de vue, surtout en ce qui concerne les photos. En plus, la F.Q.A.O. publie, chaque automne, un bulletin d’information comportant un calendrier exhaustif des événements organistiques en province, outil essentiel pour tout amateur de musique d’orgue, s’il en est un. Et ce n’est par tout…!!! Comme la F.Q..A.O., forte de sa première expérience, a l’intention de tenir un deuxième congrès en 1996, tout membre en règle pourra bénéficier d’une réduction considérable sur l’inscription au congrès.

Mais être membre de la F.Q.A.O., c’est, avant tout, avoir le désir profond d’unir nos forces pour faire avancer la cause de l’orgue et des organistes au Québec. Facteurs d’orgue, organistes, organisateurs de concerts, mélomanes-fous de l’orgue, tous sont susceptibles de trouver leur compte dans cette association. Cela ne coûte que 20$ pour devenir membre individuel, le saviez-vous? Alors qu’est que vous attendez, allez vite vous abonner. Ou mieux encore! Pourquoi ne pas offrir, en cadeau, à un ami cher, un abonnement pour un an à la F.Q.A.O.?

Nous vous souhaitons une bonne année 1996 remplie de joie, de paix et de musique.

Jouez z’haubois, résonnez musettes, retentissez mixtures!!!


Orgues, amours et délices
Échos du premier congrès de la FQAO

par Denis Morneau

Conséquemment au vœu formulé lors de l’assemblée de fondation, en juin 1994, le nouveau conseil d’administration de la FQAO a fait le pari de convoquer un congrès dès la première année d’existence. Convoqué au Conservatoire de musique de Québec, le 16 juin 1995 – lendemain du deuxième Concours d’orgue de Québec – le premier congrès de la FQAO voulait, d’abord et avant tout, témoigner de la vitalité qui anime le monde québécois de l’orgue. Dans les faits, les quelques soixante-quinze personnes qui ont répondu à l’invitation ont démontré que l’idée n’était pas téméraire.

En guise de préambule au congrès, les membres de la Fédération se sont réunis en assemblée générale annule pour établir un bilan des activités de l’année 1994-1995 et esquisser quelques pistes de travail pour la nouvelle saison. Nous avons conclu cette réunion par l’élection de trois membres du conseil d’administration. Les mandats de Rachel Alflatt (Les concerts d’orgue d’été de l’église Chalmers-Wesley, Québec), de Louise Fortin-Bouchard (déléguée des membres individuels et bienfaiteurs) et de Robert Girard (Amis de l’orgue du Saguenay-Lac-Saint-Jean) se terminaient cette année. Les deux premières ont été réélues au conseil, et les Amis de l’orgue du Saguenay-Lac-Saint-Jean ont, quant à eux, désigné Guy Roy comme candidat, lequel a aussi été élu pour un mandat de trois ans.

Après que le président eût souhaité la bienvenue et déclaré le congrès ouvert, nous avons accueilli Barbara Salomon de Friedberg, du ministère de la Culture et des Communications du Québec, qui est venue nous entretenir du rôle que peut jouer l’État québécois dans la conservation et la mise en valeur de nos orgues anciens. Ainsi, nous avons appris que, dans le cadre de la Loi sur les biens culturels, le ministère peut classer certains instrument dont les qualités patrimoniales ont été reconnues. Au cours de l’échange qui a suivi l’exposé de madame Salomon de Friedberg, on a accordé une large place au sort peu enviable qui est réservé à l’orgue qui se trouve toujours dans l’église St. Saviour, de Lacolle, devenue, depuis sa fermeture, un restaurant. Après la grande campagne d’« adoption » orchestrée pour sauver les bélugas du Saint-Laurent, verra-t-on une campagne semblable pour sauver l’orgue de Lacolle? N’y aurait-il pas une maison de la culture, un musée ou une autre institution qui pourrait intégrer à ses équipements, un instrument de ce type? Il faudrait, me semble-t-il, en reparler sérieusement. Enfin, l’allocution de madame Salomon de Friedberg a été complétée par un bref exposé de Pierre des Aulniers, sur les programmes d’aide à la diffusion dont pourraient profiter les associations membres de la Fédération.

L’activité suivante, inscrite au programme, était présentée, par Robert Girard, organiste de l’église Saint-Dominique, de Québec, et professeur au Conservatoire de musique de Chicoutimi. Après avoir réuni une somme impressionnante d’informations sur les organistes, les maisons d’enseignement et les classes d’orgue de Québec, monsieur Girard a su en transmettre l’essentiel à l’assistance et ainsi dresser un tableau très évocateur de la vie de l’orgue dans ce milieu depuis un peu plus d’un siècle. Devant un travail aussi considérable, nous sommes plusieurs à souhaiter que Robert enrichisse encore son dossier sur le sujet; et nous souhaitons également un bel avenir à la pétition, que beaucoup ont signée, pour que la région de Québec soit dotée d’un orgue à traction mécanique d’importance, pourquoi pas dans la très belle église Saint-Dominique.

Le Café des artistes nous a ensuite accueillis sur sa terrasse sous un soleil radieux pour le repas du midi. Conçu non pas comme une parenthèse du congrès mais bien comme un moment d’échanges sous un mode différent, le dîner aurait, sans doute, pu être plus long mais le programme de la journée nous appelait à reprendre avec une autre activité, organisée, celle-là, autour des facteurs d’orgues du Québec.

L’abbé Antoine Bouchard, qui avait accepté d’introduire cette série d’entretiens, nous a fait réaliser l’importance de cette rencontre où nous avions, parmi nous, la plupart des facteurs d’orgues québécois. Nous avons entendu, à tour de rôle, Denis Juget, Maurice Roy (au nom des Orgues Létourneau), Hellmuth Wolff, Guy Thérien, et Jacquelin Rochette, pour la maison Casavant Frères.

Chacun, à l’aide d’exemples de travaux récents ou exprimant librement certaines opinions, a fait état des conditions qui peuvent favoriser la conduite des projets de construction, de restauration ou de rénovation d’orgue au Québec.

Après une pause, Michelle Quintal nous a offert les fruits d’une patiente recherche auprès des organistes compositeurs québécois et leurs œuvres depuis 25 ans. Chaque participant a reçu le catalogue des œuvres répertoriées, ouvrage dont madame Quintal a fait une présentation marquée au coin de l’humour et de la finesse. Pour illustrer son propos d’une manière concrète, la conférencière avait invité les organistes Jean Le Buis, Jean Morissette, Gilles Rioux, l’altiste Aleksey Dyachkov, le soprano Suzanne Julien, à interpréter certaines œuvres inscrites dans ce catalogue.

Après cet heureux moment du congrès, nous avons assisté au lancement de deux disques et d’une nouvelle œuvre. En premier lieu, Jacques Boucher nous a parlé quelques instant de l’émission Tribune de l’orgue, du réseau FM de la Société Radio-Canada. Il a ensuite présenté le disque Louis Vierne : 24 pièces en style libre, que Denis Regnaud et lui-même ont enregistré. Réjean Magny a, par la suite, lancé le disque Jehan Alain : Intégrale de l’œuvre pour orgue (volume II), enregistré par Monique Gendron. Enfin, Rachel Alflatt a présenté la partition d’une composition récente de Denis Bédard : Rhapsodie sur le nom de LAVOIE, créée, la veille, par les deux finalistes du Concours d’orgue de Québec.

Au terme de cette dernière activité du congrès, le président de la Fédération a voulu conclure cette journée en remerciant les organisateurs (la responsable : Louise Fortin-Bouchard, et ses collaborateurs et collaboratrices : Rachel Alflatt, Robert Girard et Denis Morneau) et en formulant le souhait qu’un deuxième congrès ait lieu, dès l’an prochain, éventuellement à Montréal. Il a ensuite invité les participants à célébrer cette réussite autour d’un vin d’honneur, tout en poursuivant la visite de l’exposition de disques, de partitions et d’autres produits relatifs à l’orgue.

À l’aune de cette réussite, il m’apparaît tout à fait légitime de souhaiter d’autres rendez-vous de l’orgue au Québec et, en reprenant l’idée de Jacques Boucher, d’envisager plus largement une véritable journée québécoise de l’orgue.


Deuxième Concours d'orgue de Québec :
Grand prix attribué à André Gagnon

par Maurice Roy


Le monde de l’orgue de tout le Québec s’est trouvé réuni, le jeudi 15 juin 1995, en l’église des Saints-Martyrs-Canadiens, à Québec, pour assister à ce deuxième Concours présenté par la Fondation Claude Lavoie. Le premier Concours avait eu lieu le 18 juin 1992, aux claviers du même orgue, tenu, pendant vingt-cinq ans, par monsieur Lavoie lui-même, qui connut une carrière très active comme musicien d’église, professeur, pendant vingt-sept ans, au Conservatoire de Québec, et concertiste. Il a été fait Chevalier de l’Ordre national du Québec, en 1990.

Avant même le début de l’audition des épreuves finales, monsieur Lavoie, maintenant à la retraite, a tenu à remercier le conseil d’administration de la Fondation et les membres du Comité du Concours, présidé par monsieur Marc-Aurèle Thibault. Monsieur Lavoie a rappelé les noms des gagnants du premier Concours, messieurs Gilles Rioux et Benjamin Waterhouse et a aussi tenu à remercier les nombreux bénévoles qui ont permis la tenue des deux concours, tant autant que les mérites des administrateurs, également bénévoles. Il a enfin adressé un tribut de reconnaissance à la maison Casavant Frères, facteur du grand orgue de l’église des Saints-Martyrs-Canadiens, l’un des plus remarquables de la région de Québec, et installé, sous la direction de monsieur Lavoie lui-même peu après sa nomination comme titulaire de l’orgue de cette église.

Pour sa part, monsieur Claude Lagacé, ancien titulaire du grand orgue de la basilique cathédrale Notre-Dame, de Québec, a présidé le jury composé de madame Hélène Dugal, titulaire de l’orgue à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde, à Montréal, Dom Richard Gagné, de l’Abbaye Saint-Benoît-du-Lac et ancien élève de monsieur Lavoie, et de l’organiste français Michel Chapuis, titulaire de l’orgue de la paroisse parisienne de Saint-Séverin et professeur au Conservatoire national supérieur de Paris.

L’ordre d’audition des deux finalistes a été déterminé par tirage au sort. Ainsi, monsieur André Gagnon débuta le Concours. Né à Québec, en 1973, André Gagnon est actuellement élève, au Conservatoire de musique de Québec, dans la classe de Noëlla Genest. Le deuxième finaliste, Laurent Martin, âgé de 29 ans, est originaire de Saint-Évariste, en Beauce, et actuellement organiste titulaire à l’église St. Patrick, de Québec. Il est étudiant à la faculté de musique de l’Université Laval, sous la direction de monsieur l’abbé Antoine Bouchard.

Chacun a suscité de vifs applaudissements à la fin de sa prestation. Pendant les délibérations du jury, les commentaires allaient bon train chez les auditeurs, qui ont devancé les membres du jury en décernant les honneurs à l’un ou à l’autre candidat avant l’annonce officielle du gagnant.

Le réalisateur et organiste Jacques Boucher était présent à l’audition. Il annonça que la Société Radio-Canada diffusera la performance de chaque candidat, les 2 et 9 septembre, sur le réseau FM, à 17 heures.

Après une courte délibération, monsieur André Gagnon a été proclamé gagnant du Grand Prix (Prix Claude Lavoie) de 15 000$ ainsi que du prix de 500$ attribué au meilleur interprète de l’œuvre commandée pour la circonstance à Denis Bédard et intitulée Rhapsodie sur le nom de LAVOIE. Monsieur Martin, pour sa part, a reçu le deuxième Prix, au montant de 7 500$.

Le vendredi 16 juin, au terme du congrès de la FQAO, dont les assises se sont déroulées au Conservatoire de musique de Québec, monsieur Chapuis, membre du jury du 2e Concours, a donné, en soirée, un concert, en l’église des Saints-Martyrs-Canadiens, devant une foule nombreuse. Il a terminé sa prestation par une improvisation sur le thème grégorien de Lauda Sion.


Le nouvel orgue Létourneau
de l'Université d'Oxford

par Maurice Roy


Lorsque Fernand Létourneau est arrivé en Angleterre, vers 10 heures, le 25 mars 1995, il avait, dans ses bagages, un nouvel orgue de 22 jeux. Destination ultime : la chapelle du collège Pembroke, à l’université d’Oxford. Accompagné de son organier Sylvain Létourneau, le facteur pouvait, dès midi le même jour, procéder au déchargement de l’orgue, premier arrivé au rendez-vous, à la porte de l’antique chapelle. Pendant les six semaines qui suivirent, Fernand et Sylvain ont besogné quelques soixante-dix heures par semaines car la promesse avait été faite de livrer l’orgue une pleine semaine avant le concert d’inauguration du 23 avril.

Fernand Létourneau s’y retrouvait donc pour la deuxième fois en quelques mois, puisqu’avant le début des travaux de construction en son atelier de Saint-Hyacinthe, il était venu démonter le vieil orgue de 1670 du célèbre facteur anglais Father Smith. Cette première phase de l’entreprise demandait le plus grand soin car l’orgue devait être la réplique exacte, du moins quant au buffet, de l’ancien orgue. Plusieurs éléments de décoration prirent dont le chemin de Saint-Hyacinthe pour être intégrés dans le nouveau buffet contenant vingt-deux jeux totalement neufs.

« Notre orgue, dit Fernand Létourneau, a pu bénéficier de la tenue, à Montréal, du Congrès international des organistes, en juillet 1993, où s’étaient rendus l’organiste Gillian Weir et le facteur Lawrence Phelps. Pendant le congrès, nous avons, tous les trois, pris le temps de mettre la dernière main à la composition du nouvel orgue qui avait d’abord été arrêtée par le consultant et moi-même. »

Deux sculpteurs de grande expérience ont contribué à la décoration du meuble. Monsieur Jean Dutin a réalisé les portes à claire-voie de la console, les têtes d’angelots supportant les trompes et plusieurs moulures dont les volutes d’encorbeillement. Pour sa part, monsieur Pierre Demers, miniaturiste, s’est acquitté de la délicate tâche de restaurer certaines sculptures qui ornaient le buffet d’origine et dont le bois était devenu extrêmement friable.

Dans ses notes du programme d’inauguration, David Titterington écrit : « Dès notre premier entretien avec Fernand Létourneau, nous pûmes constater que nous avions réussi à défier l’imagination d’un véritable artiste. » Le consultant et organiste poursuit en affirmant que le style de l’orgue est franchement d’inspiration française, » conformément aux origines de ce facteur et à ses nombreux travaux au Canada français. »

Composition sonore
Opus 43, 21 jeux, 25 rangs

Grand-Orgue

Récit

Montre8' Bourdon8'
Flûte à cheminée8' Salicional8'
Prestant4' Prestant4'
Flûte conique4' Flûte à fuseau4'
Cornet-Nazard2 2/3' Doublette2'
Flûte à bec2' Larigot1 1/3'
Cornet-Tierce1 3/5' Cymbale 1'III
Fourniture 1 1/3'IV Cromorne8'
Trompette8' Tremblant

Pédale

Soubasse16'
Principal8'
Bourdon8'
Basse de choral4'
Basson16'
Trompette8'


La série Widor : Un succès!
par Simon Couture


On se souviendra que, au cours des mois de mai et de juin 1995, une série de cinq événements musicaux regroupés sous la titre de « La grande tradition française de l’orgue au Québec » a été présentée dans les villes de Saint-Hyacinthe, Montréal, Cap-de-la-Madeleine, Québec, et Rimouski pour souligner le 150e anniversaire de naissance de Charles-Marie Widor et le 115e anniversaire de fondation du facteur d’orgue Casavant Frères. À cette occasion, les dix symphonies pour orgue de Widor ont été interprétées par Jacquelin Rochette, Gilles Rioux, Benjamin Waterhouse, Jean-Guy Proulx, et Jacques Boucher. Un volet animation, qui a permis, pour la première fois, de réellement mettre en valeur les volumineuses archives de la maison Casavant, a complété chaque événement. Produit en collaboration avec Les Grandes orgues de la cathédrale (Saint-Hyacinthe), Pro Organo (Mauricie), Les Amis de l’orgue de Québec, et Les Amis de l’orgue de Rimouski, ce projet était subventionné par le ministère de la Culture et des Communications du Québec dans le cadre du programme d’aide au marché du spectacle québécois.

On remarque, dans les cinq villes où la tournée s’est arrêtée, la présence d’un public jusqu’à quatre fois plus nombreux que l’auditoire habituel des concerts d’orgue. On note surtout la présence de plusieurs auditeurs non initiés à la musique d’orgue. La formule de la tournée et la bonne couverture médiatique, dont elle a généralement bénéficié, expliquent sans doute cet était de fait.

Nous tenons à souligner la fidélité du public à tous les événements proposés, et ce, dans les cinq villes visitées. Si le fait de présenter un concert d’orgue hebdomadaire, pendant cinq semaines, représentait un défi certain, le fait d’y assister, avec assiduité, constitue sûrement une preuve d’enthousiasme.

À peine huit des cinquante-quatre mouvements, qui constituent les dix symphonies de Widor, étaient mieux connus, du moins des amateurs de musique d’orgue. Le projet a donc permis de littéralement découvrir un répertoire musical insoupçonné d’une grande qualité et accessible, grandiose dans ses impressionnantes fresques, qui mettent en valeur toutes les ressources du grand orgue symphonique, et lyrique dans ses mouvements lents aux mélodies expressives.

Nous désirons ici manifester notre vive appréciation de la véritable synergie qui s’est créée entre tous les partenaires lors de la préparation et du déroulement de cette série d’événements musicaux.

Soulignons l’engagement des cinq organistes qui, en plus du long et soutenu travail de préparation de deux symphonies de Widor, ont pris une part active à l’organisation de ce projet, de concours avec son coordonnateur, Simon Couture, la collaboration des diffuseurs, dont le soutien initial au projet et l’engagement remarquable dans sa réalisation ont été, pour nous, une réelle source de motivation, ainsi que l’empressement des églises à mettre leur orgue à notre disposition, la disponibilité des organistes titulaires pour les répétitions et la collaboration efficace des sacristains. Nous avons enfin bénéficié des compétences particulières de plusieurs personnes : nous nommerons ici Daniel Roth, organiste titulaire de Saint-Sulpice, à Paris, Jean-Louis Coignet, expert organier de la ville de Paris et directeur artistique de Casavant Frères, François Grisé, comédien, Germain Casavant, architecte et spécialiste en architecture religieuse du Québec, Philippe Thériault, vidéaste, et Pierre Dionne, président de Casavant Frères. L’enthousiasme du public représente très certainement un résultat tangible de cet excellent esprit de collaboration.

D’autres projets sont présentement en gestation. Nous en reparlerons en temps opportun.


Nos organistes-compositeurs
Denis Bédard
(1ere partie)

par Sylvain Caron


Né à Québec, en 1950, Denis Bédard a fait ses études musicales au Conservatoire de musique de Québec où il a remporté des Premiers prix d’orgue, de clavecin, de musique de chambre et d’écriture. Il a poursuivi ses études d’orgue et de clavecin à Paris, Montréal et Amsterdam, et a été lauréat du Prix d’Europe en 1975 et du Concours national de Radio-Canada en 1978. Professeur au Conservatoire de musique de Québec de 1981 à 1989, il est organiste titulaire de l’église Saint-Cœur-de-Marie, à Québec, depuis 1978.

Comme compositeur, il a écrit une quinzaine d’œuvres de musique de chambre, de la musique orchestrale et vocale, et plusieurs compositions pour l’orgue. Il a reçu des commandes de la Société Radio-Canada, de l’Orchestre symphonique de Québec et de nombreuses personnalités musicales du Canada et des États-Unis. Fréquemment jouées au Canada, les œuvres de Denis Bédard sont aussi entendues à l’étranger et lors de congrès internationaux, notamment aux États-Unis, en France, en Angleterre, en Suisse, en Allemagne, et au Japon.

Denis Bédard compte parmi les compositeurs d’orgue québécois les plus productifs et les plus joués de sa génération. C’est un musicien qui recherche la clarté de l’expression, qui aime communiquer avec son public et qui croit profondément en l’universalité de la musique.

I. La problématique de la musique contemporaine

« Rien n’est plus détestable que l’attitude de certains artistes dont l’arrogance vise à faire croire qu’ils sont descendus des hauteurs de l’empyrée pour dispenser une partie de leur richesse à la foule. C’est là pure hypocrisie. Mais il existe un petit nombre de compositeurs, comme l’ont été Offenbach, Johann Strauss, Gershwin, qui ressentent eux-mêmes ce que ressent l’homme moyen. Chez eux, ce n’est donc plus une attitude que d’exprimer les sentiments de tout le monde avec le langage de tout le monde; c’est tout naturellement qu’ils parlent de choses naturelles ».

Au cours de la dernière année, plusieurs événements médiatiques ont marqué la vie musicale contemporaine au Québec. Tout d’abord, Lise Bissonnette, dans Le Devoir, soulignait son malaise et son incompréhension face aux courants musicaux avant-gardistes. Quelques mois plus tard, Claude Gingras publiait, dans La Presse, une entrevue réalisée avec Raymond Daveluy, à l’occasion de la formation du groupe des mélodistes indépendants. Depuis, de nombreuses lettres concernant la musique actuelle sont publiées dans les quotidiens. En essence, les intervenants opposent l’accessibilité de la musique à la subtilité qui est inhérente à toute forme d’art. Jusqu’où peut-on aller dans la complexité sans perdre une large part des auditeurs? En voulant populariser à outrance, n’y a-t-il pas danger de tomber dans le mauvais goût, dans une commercialité sans profondeur? Comment expliquer que la création contemporaine semble échapper à la sensibilité d’une part importante des mélomanes?

À des questions aussi complexes, il n’y a pas de réponses simples. Une partie du problème provient sans doute de la méconnaissance et des stéréotypes qui affligent la musique contemporaine. La diffusion des œuvres récentes demeure limitée, et les nombreux courants qui coexistent ne sont pas homogènes. Réduire toute la musique actuelle à une même catégorie relève d’une erreur de perspective. Par ailleurs, ce ne sont pas uniquement des débats médiatisés ni l’intervention des musicologues et des analystes qui permettront de résoudre la crise actuelle. Évidemment, les véritables solutions ne peuvent venir que des compositeurs, quoique la réflexion esthétique soit un élément important pour orienter leurs recherches.

Or, parmi la génération montante, de nouveaux idéaux font jour. Tout d’abord timidement, puis récemment avec plus d’assurance, des compositeurs s’écartent de certains principes qui ont dominé le XXe siècle : recherche de l’inédit, de timbres insolites, de la complexité des formes et du langage. Désireux de redonner à la musique un certain naturel, ils s’orientent vers une plus grande sobriété de moyens, voire vers des formes d’expression plus traditionnelles, sans pour autant renier leur originalité. Tel est le cas de Denis Bédard, qui s’inscrit dans cette école de pensée en affirmant que sa musique, « à tendance tonale est essentiellement mélodique, est marquée par un souci de clarté formelle et de communication immédiate avec le plus vaste public possible ». Il va de soi que sa musique n’est pas populiste, dans le sens négatif du terme. Elle s’inspire de la tradition des grands compositeurs occidentaux, tout en proposant un nouvel équilibre entre subtilité et intelligibilité aux auditeurs de notre temps.

II. Des débuts prometteurs

Denis Bédard a commencé à composer alors qu’il était encore très jeune. Déjà, à l’âge de 10 ans, il écrit des petites pièces. Sans être un improvisateur chevronné, il aime fixer ses idées en les jouant d’abord au piano et en les écrivant ensuite, habitude qu’il a toujours conservée. Doué d’un talent précoce pour l’écriture, il remporte, à 16 ans, un prix d’harmonie dans la classe d’André Mérineau, au Conservatoire de musique de Québec. Par après, il étudie le contrepoint et la fugue avec Magdeleine Martin. « Ces études m’ont beaucoup apporté. J’aimais parvenir à faire de la musique tout en me soumettant aux règles strictes du contrepoint alors que l’écriture de la fugue m’a appris à développer le sens de la forme ». Finalement, il devient élève de Pierick Houdy, afin de pousser plus à fonds ses notions de composition, jusqu’à ce qu’un malaise artistique le pousse momentanément à cesser d’écrire. « Ce que j’écrivais était tonal alors que les gens du milieu se réclamaient de l’avant-garde. Je me sentais isolé ». En fait, le silence du compositeur s’explique aussi par la place plus grande qu’il a réservé à l’interprétation entre 1973 et 1981. Ses études en Europe, auprès de maîtres réputés, ont alors monopolisé toute son attention.

Loin d’être une perte de temps, cette interruption lui permet de mûrir son style. En outre, l’expérience qu’il acquiert comme interprète lui permet d’avoir une nouvelle perspective comme compositeur. L’interprète, en effet, est en constante interaction avec le public alors que bon nombre de compositeurs souffrent de ne pas être souvent joués à la salle de concert. Le modèle du compositeur-interprète, courant au début du siècle, est devenu rare aujourd’hui. Aussi, Denis Bédard possède une expérience qui se démarque et qui explique, du moins en partie, son désir d’établir, par sa musique, une communication immédiate avec le public.

La fin du silence et des doutes su compositeur sera davantage le résultat des circonstances que la manifestation d’une volonté personnelle. Au début des années 1980, le saxophoniste Claude Brisson, qui enseigne au Conservatoire de musique de Québec, lui demande de composer une pièce pour un congrès international de saxophone à Nuremberg. Surpris, Denis Bédard commence d’abord par hésiter, n’ayant pas écrit depuis quelques années, et étant toujours intimidé par son écriture non avant-gardiste. Claude Brisson insiste : « écris dans ton propre style », lui dit-il. Il le convainc finalement d’écrire une sonate pour saxophone alto et piano. L’œuvre sera bien accueillie à Nuremberg. Ce n’est qu’à partir de ce moment que Denis Bédard commence à croire en lui-même comme compositeur, entreprenant un travail intense qui n’a jamais cessé depuis.

III. L’œuvre d’orgue

Même s’il est organiste, Denis Bédard ne s’est pas immédiatement tourné vers la composition pour orgue. Certes, quelques œuvres de jeunesse avaient déjà vu le jour : la Cantilène (1969), l’Improvisation (1971) et le Tantum Ergo (1969?). Jugées imparfaites par le compositeur, ces trois pièces peuvent davantage être considérées comme des essais que comme de véritables compositions. Ce n’est qu’à la suite d’une commande de Sylvie Poirier, en 1986, que naîtra la première œuvre d’orgue achevée, les Variations sur le choral « Freu dich sehr, e meine Seele ». « J’ai longtemps hésité à écrire pour l’orgue car le style léger que j’appliquais aux autres instruments ne lui convenait pas. L’orgue, par son association avec le sacré, imposait un style plus noble. C’est pour cette raison que le thème de ma première œuvre pour orgue est tiré d’un choral ». Créée le 10 mars 1986, en la cathédrale de Chicoutimi, l’œuvre comprend quatre variations et un grand chœur final. Dans la première variation, le choral est présenté au soprano, ponctué par des accords à contretemps. Suit une arabesque très rapide aux mains pendant que le cantus firmus est entendu à la pédale sur la trompette de 8 pieds. La troisième variation fait, elle aussi, entendre le choral à la pédale mais, cette fois, en rythme ternaire sur un jeu de 4 pieds avec le contrepoint d’une mélodie richement ornée et plutôt lyrique. Enfin, un interlude, d’allure improvisée, introduit une brillante toccata en accords répétés avec un canon entre le soprano et la basse. Un grand chœur conclut l’œuvre avec majesté.

Même si les Variations remportent un franc succès, le compositeur laisse passer cinq autres années avant de remettre, sur le métier, une œuvre d’orgue. Ce n’est qu’à partir de 1991 que l’orgue prend une place importante et régulière dans sa production. Denis Bédard inaugure magistralement cette nouvelle étape de son cheminement artistique avec sa Suite. « J’ai créé cette Suite, à Québec, le 27 avril 1991, nous dit le compositeur, puis je l’ai rejoué quelques mois plus tard à l’occasion du 8e congrès de la Fédération francophone des Amis de l’orgue ». Les mouvements du début et de la fin sont l’illustration parfaite de ce ton enjoué qu’il prise tant. Le Prélude, en forme tripartite, est construit sur deux thèmes : l’un solennel et bien rythmé, l’autre plus lyrique et adoptant l’allure d’un choral. Le Lamento central, par ses notes syncopées à la pédale, propose une alternative intelligente au statisme habituel des mouvements lents. Il développe une mélodie calme et expressive sur le cornet et le hautbois avant de s’éteindre, en douceur, sur les voix célestes. Une énergique Toccata conclut cette Suite avec un entrain irrésistible alors que l’interprète déploie brillamment les ressources humoristiques insoupçonnées de l’orgue.

Les Trois Esquisses pour pédale solo ont été écrites à la demande de l’organiste américain George Blackney; elles lui sont aussi dédiées. La première pièce comporte deux volets : Introduction et Toccata, qui doivent s’enchaîner. L’Introduction expose un thème empreint d’une certaine gravité, donnant lieu parfois à une polyphonie de deux, trois et même quatre voix. Puis la Toccata, strictement monodique, à l’exception de l’accord final, développe, avec virtuosité, un thème haché et fébrile, suggérant des harmonies tendues en faisant appel au chromatisme. Selon Denis Bédard, la Deuxième Esquisse illustre bien le néo-romantisme présent dans certaines de ses œuvres, avec son thème chantant, tout empreint de mélancolie, et aisément reconnaissable tout au long du mouvement. Le Final, marqué Allegro energico, est une sautillante saltarelle à 12/8. Il se termine par des accords massifs qui réunissent les pieds et les mains.

Dans la plupart des mouvements qui constituent ses œuvres, le compositeur aime conserver une unité de ton, à la manière des parties d’une suite. Cependant, il existe quelques exceptions, dont l’Adagio est peut-être l’exemple le plus éloquent. Il est bâti sur un thème unique, qui commence dans une atmosphère sombre, presque funèbre. Après l’exposition du thème, la reprise fait intervenir des développements harmoniques et mélodiques qui accroissent la tension du discours. Il s’ensuit une langoureuse ascension, au cours de la quelle le thème est entendu à la pédale, fortissimo et marcato, avant de se figer sur un accord poignant. La tension explore alors dans une cascade de triple croches puis se calme progressivement. Enfin, le thème devient paisible, plus statique à cause des longues notes tenues, avant de s’éteindre dans la résignation.

Au début du Triptyque, l’auteur indique que l’œuvre « est le fruit d’une commande de Karl Wilhelm pour l’inauguration [par Denis Bédard] de l’orgue Wilhelm de la First Congregational Church à Hudson, Ohio, le 8 novembre 1991 ». De forme ternaire, l’Ouverture saisit l’auditeur par son rythme qui fait alterner des mesures à deux et à trois temps. L’Invocation qui suit, d’allure contemplative, se compose de trois sections harmoniques entrecoupées de passages mélodiques inspirés du chant grégorien. Enfin, la Toccatina est une brillante fantaisie en accord alternés. Elle comporte, en sa dernière partie, un accelerando et un crescendo combinés qui mènent à une conclusion éclatante.

Une Entrée imposante et majestueuse, une Prière qui, sur les voix célestes, évoque le recueillement du Requiem de Fauré, une Cantilène qui énonce une mélodie expressive soutenue par un accompagnement plutôt statique, et un Postlude dont le rythme rappelle certaines danses de la Renaissance, voilà ce qui caractérise les Quatre Pièces en forme de messe. Créée en concert, le 17 mai 1992, à la chapelle des frères Maristes à Iberville, cette suite convient visiblement tout aussi bien au concert qu’à la messe. La destination liturgique de l’œuvre répond en fait à des critères d’orgue pratique : la durée et l’esprit des mouvements ont été conçus en fonction d’une entrée, d’un offertoire, d’une communion, et d’une sortie.

La spontanéité ressentie à l’écoute des œuvres de Denis Bédard n’est sans doute pas étrangère à la rapidité avec laquelle il les écrit. La Trilogie pour orgue quatre mains a été composée en moins de trois semaines. « Mon épouse, Rachel Alflatt, donnait un récital avec Stéphane Saint-Laurent, à l’église Chalmers-Wesley, à Québec. Le répertoire pour orgue quatre mains étant plutôt mince, j’ai voulu y contribuer par une œuvre qui se joue sans grandes difficultés techniques, compte tenu du peu de temps qu’il restait avant le concert », nous dit le compositeur.

Toute comme la facilité d’écoute, l’aisance de l’exécution est une préoccupation très présente chez Denis Bédard. Un bon nombre de ses œuvres se jouent facilement. Ce renoncement volontaire à la complexité technique va de pair avec la clarté et le naturel des idées. En plus, elle permet aux organistes, qui n’ont pas reçu une formation très poussée, de jouer de la musique contemporaine. De ce fait, celle-ci devient plus accessible et peut connaître une meilleure diffusion.

Un autre moyen utilisé par le compositeur pour rapprocher la musique contemporaine de son public est de rattacher cette musique à la vie concrète, de la rendre évocatrice. Par exemple, les Variations sur « In dulci jubilo » plongent irrésistiblement l’auditeur dans l’atmosphère de Noël. En outre, l’allure de ces variations rappellent l’accent populaire et exubérant des noëllistes français du XVIIIe siècle.

Très attiré par les chorals allemands, comme « In dulci jubilo », Denis Bédard, par contre, n’a paraphrasé qu’une seule mélodie grégorienne, dans sa Méditation sur « O Filii et Filiae ». De nature éthérée, la mélodie latine se prête à une expression moins mesurée, à une harmonie plus floue que celle du choral. Dans le même esprit, les Six Interludes exploitent, eux aussi, cette expression grégorianisante. Cependant, l’auteur préfère ici s’inspirer des lignes du grégorien au lieu de reprendre une mélodie préexistante. De prime abord, la préférence de l’auteur pour la mélodie allemande peut étonner car Denis Bédard est organiste dans une église catholique. S’il préfère le choral à la mélodie grégorienne c’est peut-être parce que le premier s’accorde mieux avec l’esthétique d’ordre et de clarté qu’il privilégie dans son œuvre. Pour lui, le choral représente une mélodie qui, par son rythme carré, sa structure ordonnée et sa mélodie simple, se prête bien à la variation tandis que grégorien offre une ligne déjà très élaborée qui offre moins de possibilité de développement et que son rythme flou s’insère difficilement dans un langage où prime la régularité.

Si l’ensemble de la production du compositeur semble couler de source, une des rares œuvres à avoir suscité le doute est l’Andantino. « Comme je n’était pas sûr de mes idées, dit-il, l’œuvre n’a pas été publiée, ni jouée, tout de suite après avoir été terminée. Par la suite, je l’ai révisée avant de la créer, le 22 juin dernier. Son climat se rapproche de Vierne surtout mélodiquement. Le rythme du thème est celui de la Berceuse quoique le développement soit assez différent ».

Denis Bédard aime bien relater une anecdote au sujet de sa Sinfonietta pour orgue quatre mains. « Alors que j’étais en Europe en compagnie de mon épouse, pendant l’été 1994, je me suis arrêté à Londres pour visiter l’Abbaye de Westminster. Tout à fait par hasard, je vois, dans un feuillet annonçant la série de récitals d’orgue, que Sylvie Poirier et Philip Crozier, deux de mes amis, allaient jouer le dimanche suivant. Je demande le programme à un guide et j’apprends, avec surprise, que ma Sinfonietta allait être jouée. J’ai laissé un mot à Philip et à Sylvie, leur disant que j’étais à Londres avec Rachel et que nous allions venir les entendre. J’assiste donc au concert, très fier que mon œuvre soit jouée à la célèbre Abbaye de Westminster. Après une brillante prestation, mes deux amis duettistes étaient très heureux de me rencontrer avec Rachel. Nous nous sommes rendus au pub pour prolonger joyeusement l’événement! »

À suivre…


40 ans de vie artistique : Lucienne et Gaston Arel
par Antoine Leduc


La rentrée culturelle de l’automne 1995 passera sûrement à l’histoire dans le monde de l’orgue. En effet, deux de nos plus éminents organistes et pédagogues, Gaston et Lucienne Arel, donnaient deux récitals à l’invitation de la société de diffusion musicale Transe Portée, de Saint-Hyacinthe, et du Conservatoire de musique de Montréal. Le premier eut lieu lors de la Journée internationale de la musique, le 1er octobre 1995, à la cathédrale de Saint-Hyacinthe, où les jubilaires y firent sonner le magnifique Casavant de 45 jeux, pour la plus grande joie des quelques centaines de personnes présentes. Les autorités politiques du grand Saint-Hyacinthe ont tenu à souligner, elles aussi, cet anniversaire et le passage des Arel en leur ville. Une réception fut donnée en leur honneur à l’hôtel de ville de Saint-Hyacinthe par le maire Claude Bernier qui invita Gaston et Lucienne Arel à apposer leur signature dans le Livre d’or de la ville. C’est d’ailleurs à l’occasion de cette cérémonie, à laquelle participaient de nombreuses personnalités, dont le député de Saint-Hyacinthe, Léandre Dion, et le facteur Guy Thérien, que fut dévoilée une publication-souvenir résumant la carrière de Gaston et Lucienne Arel, et comportant de nombreux témoignages, dont ceux de l’abbé Antoine Bouchard et de l’éditeur Jacques Ostiguy.

Le deuxième récital fut donné le dimanche 12 novembre 1995, à l’orgue Beckerath de l’église Immaculée-Conception, de Montréal, qui fut installé, en 1961, grâce à l’influence de Gaston Arel et dont il fut le titulaire durant plus de treize ans. Les auditeurs n’ont pas manqué d’apprécier la richesse de l’interprétation et la variété des programmes qui furent marqués du sceau de l’unité et de la cohérence, le récital du 1er octobre d’ouvrant par l’exécution de la Fantaisie no. 2, en fa mineur, pour deux organistes, de Mozart, alors que celui du 12 novembre se terminait par cette même œuvre.

Le comité organisateur des festivités, composé de Réal Gauthier, Jean Le Buis, Paul Vigeant et d’Antoine Leduc, avait demandé à Jean Le Buis de composer une œuvre pour deux organistes dont Lucienne et Gaston Arel seraient les dédicataires et qui leur serait offerte à l’occasion de leur anniversaire. Or, il semblerait que les célébrations se poursuivront jusqu’à l’été 1996 car Gaston et Lucienne Arel créeront cette œuvre, inspirée du Veni Creator et qui comporte quatre mouvements, intitulée Sancti Spiritus, sous les auspices du plus important festival de musique classique au Québec, soit le Festival international de Lanaudière, lors d’un concert qui aura lieu le 8 juillet 1996, à l’orgue Guilbault-Thérien de l’église de la Purification, de Repentigny.

En terminant, je voudrais de nouveau exprimer mes meilleurs vœux de félicitations et de reconnaissance à nos amis Gaston et Lucienne Arel. Qu’ils poursuivent longtemps encore, et avec un égal bonheur, leur œuvre de bâtisseurs.


Festival d'inauguration de l'orgue de l'église
Saint-Léon de Westmount

par Antoine Leduc


L’église Saint-Léon, de Westmount, est devenue un centre organistique de grande importance, grâce à l’installation d’un magnifique instrument de 32 jeux, dit « de synthèse », œuvre de la maison Guilbault-Thérien et de l’architecte Alain Fournier. Cela nous fut d’ailleurs confirmé lors du festival d’inauguration qui eut lieu les 20, 21 et 22 octobre 1995. Trois concerts en autant de soirs, voilà une formule originale qui permet aux amateurs de vraiment connaître et apprécier un nouvel instrument, et d’en découvrir les multiples facettes sonores en peu de temps. Cette formule serait donc à retenir pour les inaugurations prochaines.

Le comité organisateur de l’événement eut la main heureuse d’inviter trois de nos meilleurs organistes au Québec et de les faire jouer dans trois programmes entièrement différents. La titulaire de l’instrument, Lucienne L’Heureux-Arel, nous en offrit le premier contact et nous permit d’apprécier la richesse et la diversité des timbres de l’instrument, dans des œuvres appartenant à trois écoles de l’époque classique : italienne, espagnole et allemande. Lors d’un deuxième concert, l’organiste Jean Le Buis, tantôt soliste, tantôt jouant avec les hautboïstes Catherine Calderone et Rémi Collard, nous plongea dans un univers tout autre, et nous pûmes apprécier le création de sa Sonata da chiesa pour hautbois, cor anglais et orgue. Enfin, dans un programme de conception plus traditionnelle mais non moins intéressant, l’organiste Réal Gauthier et les trompettistes Charles Lazarus et Manon Lafrance interprétèrent les « classiques » du répertoire pour ce genre de formation, nous permettant d’entendre notamment le célèbre Concerto pour deux trompettes et orgue d’Antonio Vivaldi.

En terminant, il faut saluer le travail de nombreux artisans qui permet l’installation d’un tel instrument et la réalisation d’un festival d’inauguration de cette envergure : d’abord Lucienne Arel, dont l’influence et la ténacité sont à la source même du projet, également Guy Thérien et les paroissiens de Saint-Léon. Vivement l’avènement d’une série de concerts dédiée à l’orgue en ces lieux!


Nouvelles des régions

Mauricie
par Gilles Rioux et Michelle Quintal

La jeune femme snob

Le 19 novembre dernier, à la chapelle du Séminaire Saint-Joseph, de Trois-Rivières, le public de Pro Organo (Mauricie) a eu la chance d’assister à la création d’une œuvre humoristique de Gilles Rioux pour voix, clarinette et orgue « La jeune femme snob » sur un texte de Clémence DesRochers, notre monologuiste favorite. Marielle Fortier-Landry, soprano, Michel Pilotte, clarinettiste, et Gilles Rioux, organiste se sont donné le plaisir d’interpréter une musique inspirée de Poulenc et Mistinguett (dans une chapelle? Pourquoi pas!) sur des alexandrins qui évoque le contraste entre une jeune femme snob et sa bonne : « La jeune femme snob se réveille à midi! Sa bonne est à l’ouvrage depuis sept heures zé demie. » Du rire, une bouffée d’air frais dans la production organistique québécoise. Cette œuvre avait été précédée d’un arrangement pour soprano, clarinette et orgue de « Je ferai un jardin » de Clémence DesRochers sur une musique du pianiste Louis-Philippe Bernier. Bravo à Gilles Rioux et à son équipe!

Un concert électrisant

Le 23 juillet dernier avait lieu le 5e récital de l’été à la basilique Notre-Dame-du-Cap. L’organiste invité était Pierre Gadbois, organiste à l’église Saint-Marc de Rosemont, à Montréal. Le programme était consistant (extrait du Livre d’orgue de Montréal, la dorienne de Bach, Dupré et Langlais!) et le public était venu nombreux en ce dimanche pluvieux pour entendre le petit Gadbois de Louiseville. Mais voilà qu’en pleine basse de trompette, l’orgue se tait et, la basilique devenue sombre, laisse entrer le bruit sourd et éclatant du tonnerre! Panne d’électricité! La deuxième de la semaine! La première survenue le lundi, pendant que monsieur Gadbois débutait sa pratique à la basilique, avait obligé celui-ci à revenir pratiquer le mercredi. Comme « le courant » n’était toujours pas revenu trois quarts d’heure plus tard, le concert a été annulé. Des gens de Québec ont dû repartir bredouille! C’est à croire que certains organistes attirent la foudre!!! Félicitations pour votre beau programme!!!


Rimouski
par Gérard Mercure

Un bulletin de liaison pour Rimouski

Les Amis de l’orgue de Rimouski ont maintenant leur propre bulletin de liaison : Notes d’agrément. Ce dernier, qui a vu le jour en octobre dernier, paraîtra six fois l’an, d’octobre à mai. Le comité de rédaction est composé de monsieur Gérard Mercure, madame Nathalie Gagnon, et monsieur Carol Amiot. Longue vie aux Amis de l’orgue de Rimouski et leur bulletin!

L’orgue de Saint-Pie-X, beau à entendre et beau à voir

Après vingt-cinq ans de service, l’orgue de l'église Saint-Pie-X avait besoin d’un nettoyage intérieur et d’un réglage de la traction mécanique. La Fabrique a retenu les services du facteur d’orgue Denis Juget pour accomplir ce travail. Assisté de son associé, Suzanne Giroux, il l’a fait en un peu moins de trois semaines, soit du 5 au 20 septembre. « Il y a ce que l’auditeur voit : c’est peu. Il y a ce qu’il ne voit pas : c’est beaucoup » écrivait Norbert Duforcq dans son « Que sais-je ? » sur l’orgue. Dans le cas de Saint-Pie-X, il aurait pu ajouter : « Et ce qu’il ne voit pas : c’est aussi beau ».


Saguenay-Lac-Saint-Jean
par Guy Roy

Une reconstruction signée Guilbault-Thérien

L’orgue de la chapelle Saint-Joseph des Sœurs Augustines, de Chicoutimi, s’est vu transformé à l’automne 1995. L’orgue Odilon Jacques de 1943, qui comptait 18 jeux, fut remis à neuf par Casavant Frères en 1948. Ce sera au tour de Marcel Bertrand, en 1982, à rénover ce dernier en lui ajoutant deux jeux, et voilà que l’orgue est reconstruit par Guilbault-Thérien, portant le nombre de jeux à 22, totalisant 1 362 tuyaux.

Composition sonore

Grand-Orgue

Récit expressif

Montre8' Gambe8'
Bourdon à cheminée8' Bourdon8'
Prestant4' Cor de nuit4'
Spitaflöte4' Nazard2 2/3'
Doublette2' Flageolet2'
FournitureIII Tierce1 3/5'
Douçaine8' Plein-jeuIII


Hautbois8'


Cloches


Trémolo

Pédale

Principal étroit16'
Bourdon16'
Salicional8'
Bourdon8'
Violon4'
Octave2'
Douçaine16'

Répertoire des orgues du Saguenay-Lac-Saint-Jean

Ce cahier de 94 pages, relié spirale, recense et décrit, de façon exhaustive, les 61 orgues du Saguenay-Lac-Saint-Jean. On y retrouve, pour chaque instrument, la date de construction (de relevage, de reconstruction, le cas échant), le facteur, le type d’action et le devis complet.

Ce recueil, qui constitue une première au Québec, comporte, de plus :

1. Les photos d’une vingtaine de buffets;
2. Des notes historiques;
3. Une monographie sur les orgues de la cathédrale de Chicoutimi;
4. Quelques familles d’organistes de la région;
5. Un lexique;
6. Une carte régionale de distribution;
7. Un tableau synthèse et des statistiques;
8. La liste des orgues disparus.

Création de Cantilena

Cantilena, une œuvre de l’organiste Robert P. Girard, pour quatuor à cordes et harmonium, a été créée, le mardi 21 novembre 1995, lors d’un concert de Radio-Canada, par la Quatuor Alcan et l’organiste Robert P. Girard. Le concert sera diffusé, le dimanche 28 janvier 1996 à 13h30, sur le réseau FM de Radio-Canada. Bonne audition!


Revues et Partitions
par Gaston Arel

Revues

L'orgue francophone
Supplément du Bulletin de liaison de la
Fédération francophone des Amis de l'orgue
35 Quai Gailleton,
69002 Lyon, France
  • No 17 (décembre 1996)
    Orgue et liturgie à la fin du XVIIe siècle - Orgues et organistes à Montréal - André Marchal - Les orgues de Lisbonne et sa région - Les débuts de la musique d'orgue en Pologne - Chronique du polyphonophile - Le nouvel orgue de l'église Saint-Vincent à Lyon - Orgue et linguistique - Une nouvelle fédération de l'orgue est née: la FQAO - Divers articles sur le congrès de 1994 - Chroniques habituelles.
  • (juillet 1995)
    12e congrès: Orgues en Provence-Côte d'Azur.
  • Bulletin d'information de l'Association des amis de l'orgue de Versailles
    et de sa région

    13, rue Saint-Bernard,
    78000 Versailles, France
  • Numéro spécial (mai 1995)
    15e anniversaire de l'Association - Hommages de la FFAO et de la FQAO - Souvenirs - Ombres et lumières - Concerts de 1990 à 1994.
  • No 31 (mai 1995)
    Nouvelles des orgues - Nouvelles de organistes et des associations - Visite de l'orgue de Sainte-Geneviève de Versailles - La messe d'orgue en Europe - Concerts et festivals - Disques d'orgue - Académies, congrès, stages - Les livres.
  • No 32 (octobre 1995)
    André Fleury n'est plus - Les Couperin - Le grand orgue de Saint-Gervais à Paris - Le Conservatoire de Paris a 200 ans - Gabriel Fauré, organiste - La messe d'orgue en Europe (suite).
  • Le Magazine de l'Orgue
    rue du Trône 200,
    1050 Bruxelles, Belgique
  • Périodique mensuel consacré aux dernières nouveautés dans le monde de l'orgue (CD, partitions et livres).
  • Le Tuyau
    Les Amis de l'orgue du temple d'Ales
    et Connaissance et pratique de l'orgue
    4, rue Abbé Montels,
    34000 Montpellier, France
  • No 17 (janvier 1995)
    Dresde, 50 ans après - Chronique discographique - Revues et livres reçus - Correspondance d'un poilu organiste.
  • Le Sifflet
    Supplément
    Les Amis de l'orgue du temple d'Ales
    et Connaissance et pratique de l'orgue
    4, rue Abbé Montels,
    34000 Montpellier, France
  • No 1 (1995)
    Concerts - Congrès - Académies - Stages - Expositions - Divers.
  • Partitions

    Éditions du Triton
    2114 Fleurier
    Suisse
  • Organa Gallica
    (collection de musique française pour orgue dirigée par Nicolas Gorenstein)
    Gaspard Corette - Messe du 8e ton
    Claude Balbastre - Pièces d'orgues, volume 1
    Nicolas de Grigny - Livre d'orgue
    Louis Couperin - Pièces d'orgue
    François d'Agincourt - Pièces d'orgue
    .
  • Éditions Chantraine
    7 avenue Henri-Paris
    B-7500 Tournai, Belgique
  • Pierre Cochereau: Improvisations
  • Jeanne Joulain: Noël flamand
  • Éditions Cantate Domino
    rue du Sapin 2a
    CH-2114 Fleurier, Suisse
  • Auteurs divers: 60 Cadences pour orgue
  • Daniel Bouldjoua: 8e Triptyque pour orgue
  • Bernard Reichel: Toccata pour Noël
  • Correa de Aurauxo: Huit Tientos

  • Dans le monde du disque
    Nouvelles parutions
    Marc-André Doran
    Orgue Warren-Wolff de l'église de la Visitation, Montréal
    Oeuvres de C.P.E. Bach, Haydn, Mendelssohn Boëly, Franck, Reger
    ATMA ACD 2-2101
    Bernard Lagacé
    L'Art de la fugue
    second enregistrement de l'intégrale Bach
    Analekta AN 2-8218-9-2 (2 CD)
    André Marchal
    Intégrale des oeuvres pour orgue de César Franck
    Orgue de l'église Saint-Eustache, Paris
    ERATO 4509-94828 (2 CD)
    Georges Robert
    Intégrale des oeuvres pour orgue de César Franck
    Orgue de de la salle André Marchal de l'Institut National des Jeunes Aveugles, Paris
    ILD 642142 (2 CD)
    Sophie-Véronique Choplin
    Orgue de l'église Saint-Sulpice, Paris
    Oeuvres de Bach, Mendelssohn, Brahms, Demessieux, et improvisation
    FESTIVO FECD 135
    Frank Bésingrand
    Oeuvres de Jean Langlais
    Orgue Kern de l'église Notre-Dame-de-la-Platé, Castres (France)
    REM 311245
    André Pagenel
    Musique pour orgue
    Oeuvres de Bach, Couperin, Clérambault, Franck, Saint-Saëns, Gigout
    Orgue Kern de la cathédrale de Bourges (France)
    Hänssler Classic 98.937
    Olivier Vernet
    Splendeurs de l'orgue français au XVIIe siècle
    Oeuvres de Guilain, Piroye, Corette, Calvière, Benault, Balbastre
    Orgue historique Silbermann de Soultz (France)
    LIDI 0104031-95
    Olivier Vernet
    L'oeuvre pour orgue de Dietrich Buxtehude
    5 CD, sur différents orgues
    LIDI 0104007, 013, 015, 019, 022
    Jean Ferrard
    Bach inconnu
    Orgue Thomas de Mürringen (Belgique)
    SIC 001