Mixtures

No. 21 - Novembre 2004

Dans ce numéro:


Éditorial

Par Gérard Mercure

Une nouvelle saison

Lors de l’assemblée générale de la Fédération québécoise des Amis de l’orgue tenue à Lévis le 18 juillet dernier, tous les membres du conseil d’administration ont été confirmés à leur poste pour une prochaine année. Le conseil a présenté à l’assemblée son dernier et nouveau membre en la personne de M. Jean-Paul Saint-Germain, représentant les Amis de l’orgue de Montréal en remplacement de M. Gaston Arel qui se retire après neuf ans de service.

Quant à la saison qui se termine, elle a vu la mise en place d’une nouvelle signature visuelle pour la revue Mixtures ainsi que la mise en disponibilité de la page web de la Fédération sous l’appellation fqao.org. Cette page web conçue et réalisée par notre confrère Robert Poliquin devient, avec l’approbation du conseil d’administration, le site officiel de la Fédération. Au cours des mois à venir le contenu de cette page se précisera. Déjà, le projet d’inclure le texte des numéros de Mixtures est en voie de réalisation et, depuis quelques semaines, le calendrier des concerts et autres activités reliées à l’orgue de Mixtures en bref y est accessible en ligne avec possibilité de le mise à jour selon les besoins.

Au menu de la prochaine saison, le conseil d’administration a placé, à son agenda, la mise sur pied et le fonctionnement du comité de financement. La direction de la revue Mixtures a été confiée conjointement à Michelle Quintal et Robert Poliquin qui en assumeront la réalisation, avec la collaboration de Gaston Arel. Les membres du conseil entendent bien rester à l’écoute de l’actualité musicale et de prendre au besoin les initiatives nécessaires dans l’intérêt des membres de la Fédération.


Gaston Arel
La musique d'une vie

par Antoine Leduc1


Voici venue l’heure des bilans. Raconter la vie de l’éminent organiste et pédagogue Gaston Arel, que la plupart des membres de notre Fédération connaissent bien, est un exercice périlleux. C’est un défi aussi pour quelqu’un qui pense bien le connaître, après l’avoir fréquenté assidument depuis plus de quinze ans. C’est, enfin, émouvant, de retracer ce parcours si unique et exemplaire. S’il marque une époque faste et riche de l’histoire de l’orgue, non seulement au pays mais aussi à l’international, évoquer la carrière de ce maître n’est pas sans laisser songeur quant à l’avenir de l’orgue et de ses artisans, facteurs et organistes. Cette histoire mérite d’être racontée : elle est inspirante, elle représente une invitation au dépassement de soi, à la générosité et au partage, dans la recherche constante du bien commun. Cette histoire mériterait cependant une véritable biographie. Le cadre du présent texte ne permet, au mieux, que d’entrevoir tout ce que cette vie d’engagement représente, dans la foulée de l’hommage qui fut rendu à Gaston Arel lors du dernier congrès annuel de la Fédération, célébrant le dixième anniversaire de fondation de l’organisme et intronisant monsieur Arel à son panthéon, en le faisant son plus récent membre honoraire.

La jeunesse, de Trois-Rivières à Saint-Hyacinthe (1928-1953)

Gaston Arel est né le 10 septembre 1928 à Trois-Rivières. Plus jeune fils d’Albert Arel et de Bernadette Landry, Gaston Arel vient au monde dans une famille modeste, durant l’entre-deux guerres. Sa sœur, Madeleine, consacra sa vie à l’enseignement du piano, tandis que son frère, Marcel (1923-1990), également artiste, fut photographe professionnel2. Ses parents, mais surtout sa mère, l’encouragèrent très tôt à développer ses talents de musicien et, plus tard, à entreprendre la carrière que l’on sait.

S’il est né à Trois-Rivières et qu’il y retournera à différentes étapes de sa vie, tant personnelle que professionnelle, c’est à Saint-Hyacinthe que Gaston Arel passe toute sa jeunesse, de l’enfance à l’âge adulte. C’est là que tout a commencé. N’ayant plus de travail à Trois-Rivières, Albert Arel déménage avec sa famille dans la capitale québécoise de l’orgue en 1929. Très tôt, ses parents l’inscrivent à des cours de piano chez les sœurs de la Présentation de Marie. En 1933, le jeune Gaston n’a que cinq ans lorsqu’il fait ses premiers pas musicaux auprès de Sœur Saint-Gaston, puis, par la suite, auprès de Sœur Louise de Maurillac.

Le premier contact du jeune Arel avec l’orgue se fait à la Cathédrale de Saint-Hyacinthe, alors qu’enfant de chœur, il est déjà très impressionné par les sons qui jaillissent dans la grande nef. Il prendra goût à l’instrument et souhaitera en jouer.

C’est ainsi que, fort de ses progrès en piano et déjà prometteur, les religieuses le dirigent, en 1941, vers celui qui est alors considéré, et à juste titre, comme le maître de musique à Saint-Hyacinthe : Conrad Letendre (1904-1977). Letendre deviendra le maître de Gaston Arel, auprès de qui il poursuivra son apprentissage du piano, entreprendra l’étude de l’orgue, ainsi que celle de l’écriture musicale. Cette période d’intense apprentissage se poursuivra sur plus d’une décennie, soit de 1941 à 1953.

En 1945, Gaston Arel obtient son diplôme de Lauréat en piano, décerné par l’Académie de Musique de Québec; c’est en 1948 qu’il obtiendra le Lauréat d’orgue de la même institution. Il se dote d’une solide formation de pianiste auprès d’Arthur Letondal, entre 1947 et 1951, d’abord au Conservatoire de musique de Montréal, durant une année (en 1947-48), puis en cours privés par la suite. Gabriel Cusson figurera également parmi ses maîtres : il lui transmettra son impressionnant bagage dans les matières d’écriture musicale.

Durant ce temps, le jeune Arel entreprend déjà sa carrière musicale et se voit confier ses premières responsabilités. Nommé organiste titulaire de l’opus 8 des frères Casavant à la Cathédrale de Saint-Hyacinthe dès 1945, à l’âge de seulement 17 ans, il y demeurera en poste jusqu’en 1953. Il collabore aux éditions de La Bonne Chanson, sous la houlette de Letendre, auprès de l’abbé Charles-Émile Gadbois (1906-1981).

Ayant complété sa formation académique générale à l’École supérieure Girouard de Saint-Hyacinthe en 1946, il fait la rencontre de l’abbé Joseph-Hector Lemieux, qui mène une intense activité éducative auprès de la jeunesse maskoutaine. C’est avec ce dernier qu’il fonde, en 1946, le groupe nommé Les compagnons de l’art de Saint-Hyacinthe, qui se réunit à la salle des arts de l’Hôtel de ville de Saint-Hyacinthe. L’abbé Lemieux et Gaston Arel organisent des séances d’initiation à l’écoute de la musique classique auprès des jeunes mélomanes; le groupe invite des musiciens à se produire en récital.

C’est de cette façon que, en 1948, Arel et Lemieux font la connaissance d’un jeune violoniste qui revient d’Europe, du nom de Gilles Lefebvre. Arel, qui avait déjà entendu parler d’un mouvement européen, du nom de Jeunesses Musicales, en discute avec Lefebvre, qui encourage les jeunes mélomanes maskoutains à forger des alliances avec les Jeunesses Musicales d’outre-mer, ainsi qu’à regrouper leurs efforts avec ceux d’autres groupes du Québec poursuivant des objectifs analogues. En 1949, Les compagnons de l’art deviennent L’Hélicon de Saint-Hyacinthe (le rendez-vous des muses), pour ensuite céder la place aux Jeunesses Musicales du Canada (« JMC »), qui seront fondées la même année et dont Gaston Arel sera le premier président national. Il assurera la mise en place du mouvement, supervisant la première saison. Demeurant par la suite président du centre JMC de Saint-Hyacinthe de 1949 à 1953, Gaston Arel s’implique à fond dans l’organisation et l’implantation de ce mouvement. Cet idéal rassembleur et altruiste est l’un des traits marquants du jeune musicien, qui caractérise sa personnalité. Il ne se démentira jamais par la suite, tout au long de sa vie.

Arel lui-même continue cependant de se produire comme musicien interprète de plus en plus fréquemment. Toutefois, il n’attend pas que les occasions se présentent : il les provoque. Sous l’impulsion du maître Letendre naît, en 1950, le Groupe Conrad-Letendre, formé de ses disciples que sont Arel, Raymond Daveluy, Kenneth Gilbert, Bernard Lagacé, Lucienne L’Heureux et Mireille Bégin. Les jeunes artistes organisent des récitals d’orgues et se produisent aux plus belles tribunes de la région montréalaise. Gaston Arel donne l’un des premiers concerts de la société, le 6 février 1950, à la Chapelle du Collège Saint-Laurent.

De même, en 1952, la réputation du jeune Arel commence à prendre de l’importance. Des artistes aussi renommés que Léopold Simoneau et Pierrette Alarie en entendent parler, et décident de l’engager à titre de pianiste accompagnateur pour une tournée de plus de vingt-cinq concerts qui le mènera du Canada, jusqu’aux États-Unis et au Mexique. De plus, il donne quelques tournées de concerts dans le cadre des JMC, dont l’une, en 1953, avec Maureen Forrester, l’amenant à donner plus de 45 concerts durant l’année, où il agit tant à titre d’accompagnateur qu’à titre de soliste, tantôt au piano, tantôt à l’orgue.

À cette époque, Gaston Arel mène pratiquement deux carrières de front : celles de pianiste et d’organiste. Il lui faudra faire un choix, qui sera déchirant, car la poursuite des deux carrières s’avère, sinon impossible, à tout le moins des plus difficiles. Finalement, même s’il adore le piano, c’est par goût, de son propre aveu, qu’il se tourne définitivement vers l’orgue en 1953.

La spécialisation en Europe :
première période (1953-1954)

Gaston Arel fut candidat à quelques reprises au concours du Prix d’Europe, organisé sous les auspices de l’Académie de musique de Québec. À cette époque, le concours était davantage qu’un simple concours d’interprétation. Certes importante, l’interprétation ne constituait qu’une partie de l’épreuve, puisque les candidats devaient subir des examens théoriques et d’écriture musicale.

Au début des années 1950, il se présente au concours et le perd de peu : c’est la pianiste Janine Lachance qui remporte le titre. Cependant, devant une telle situation, il réussit à obtenir une bourse du Gouvernement du Québec, qui lui permit de se rendre à Paris, étudier auprès du maître André Marchal.

Ce maître, qui s’inscrit dans le mouvement du renouveau de l’orgue, est l’une des figures les plus importantes du mileu musical de l’époque. À l’origine, Arel doit rester deux ans à Paris pour poursuivre sa formation auprès de ce maître. Il s’y trouve en même temps que son collègue et ami Kenneth Gilbert, qui étudie, lui, d’abord avec Maurice Duruflé, puis avec Gaston Litaize. Il en sera toutefois autrement, puisqu’au printemps de 1954, il reçoit une lettre de Raymond Daveluy, qui changera le cours de sa vie.

Tous deux élèves et disciples de Letendre, Arel et Daveluy continuent leurs carrières en demeurant sous l’influence étroite et directe de leur premier maître, qui exerçait pratiquement sur eux un véritable magistère. C’est ainsi qu’en 1954, Daveluy, qui est alors organiste titulaire à l’église de l’Immaculée-Conception de Montréal, se voit offrir un nouveau poste à l’église Saint-Sixte de Montréal. Pour lui succéder, Letendre suggère à Daveluy d’écrire à Arel pour lui offrir le poste, car « c’est à son tour ».

Arel n’hésite pas un instant et accepte le poste. Malgré l’intérêt du séjour parisien, des études et des découvertes qu’il y fait, le poste de l’Immaculée-Conception est trop important pour qu’il l’ignore. Dotée, à cette époque, d’un orgue Casavant qui jouit d’une certaine réputation3, la paroisse est, depuis longtemps, considérée comme étant un haut lieu de la musique dans la métropole québécoise. C’est donc une excellente opportunité de carrière. Arel se promet toutefois de retourner plus tard en Europe compléter sa formation; cette fois, il n’y ira plus seul. En effet, si intéressant soit-il, le poste de l’Immaculée-Conception n’est peut-être pas l’unique raison du retour du jeune musicien au pays. Ce retour porte aussi un autre nom : Lucienne L’Heureux.

Le premier retour au pays :
l’établissement (1954-1960)

Gaston Arel fit la connaissance de Lucienne L’Heureux bien avant son départ pour l’Europe. Tout comme lui, la jeune musicienne était l’élève de Letendre. Originaire de Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe, étudiante chez les Sœurs de la Présentation de Marie au Collège Saint-Maurice de Saint-Hyacinthe, elle obtient la permission d’aller répéter à l’orgue de la Cathédrale, paraît-il grâce à l’intercession de monsieur Letendre auprès de son titulaire. Au moment où Arel prend le bateau de New York pour Paris, en 1953, il connaît bien la jeune organiste, à tel point que le père de cette dernière, le notaire P. Ernest L’Heureux, ne souhaite pas que sa fille gagne un éventuel Prix d’Europe qui lui permettrait d’aller y retrouver Gaston : si elle l’emporte, elle ira étudier ailleurs.

Peu de temps après son retour, Gaston Arel entre en fonctions à l’Immaculée-Conception. Puis, le 12 septembre 1955, il épouse Lucienne L’Heureux en l’église paroissiale de Saint-Jude. À l’orgue, pour la circonstance : Aline Chénier-Letendre, qui joue, notamment, le choral sur le Veni Creator de Bach et la Marche nuptiale de Vierne. Les amoureux convolent par la suite en justes noces et se rendent à Washington, D.C., pour l’occasion.

L’établissement du couple et de la famille s’ensuivit. Dès 1956, naissance d’une première petite fille : Anne-Marie; en 1959, ce sera la venue de leur fils, Dominique. Nathalie, petite dernière, viendra plus tard, en 1963. Tous ses enfants apprirent la musique, bien qu’aucun ne soit devenu musicien de carrière. « Je n’ai pas réussi ce mauvais coup-là », de dire le maître Arel à la rigolade, lorsqu’on lui pose la question, n’en éprouvant pas moins de fierté pour eux.

En 1957, les Arel prennent une importante décision : ils commandent un orgue de studio, à traction mécanique, de la maison autrichienne Rieger. Ce sera un petit orgue de 16 jeux - répartis sur deux claviers et un pédalier - qui sera inauguré en mai 1959, lors d’une série de récitals privés. Arel y créa le premier mouvement de la Troisième Sonate pour orgue de Raymond Daveluy. Plusieurs organistes eurent l’occasion de toucher cet instrument et, certaines émissions de la société Radio-Canada consacrées à l’orgue y furent enregistrées.

La carrière de Gaston Arel se continue, et déjà il se fait entendre en de nombreuses occasions, notamment sur les ondes de la radio publique.

En plus de ses fonctions d’organiste titulaire à l’Immaculée-Conception, il enseigne le piano et l’orgue au Séminaire de Saint-Hyacinthe, de 1951 à 1964. Il succède ainsi à son maître Letendre et continue la tradition de cette maison d’enseignement où Bernard Lagacé fut d’ailleurs initié à l’orgue par Letendre auparavant. C’est ainsi que de ces années d’enseignement, Gaston Arel aura formé Jacques Ostiguy, Paul Vigeant, le pianiste Richard Boulanger, et bien d’autres.

Vers la fin des années 1950, l'orgelbewegung arrive finalement au Québec dans la facture d’orgues. On souhaite opérer un retour aux sources mais la maison Casavant n’est pas au rendez-vous. En 1958, Gaston Arel, Kenneth Gilbert, Raymond Daveluy et Lucienne L’Heureux se rendent à Cleveland pour y voir un instrument installé dans la Trinity Lutheran Church par Rudolf von Beckerath4. C’est la révélation. Tous ces jeunes musiciens veulent que les temples où ils sont organistes se dotent d’un orgue de ce facteur. Gaston Arel jouera un rôle déterminant en convaincant les Jésuites de se départir de leur Casavant et d’acquérir un nouvel orgue. À l’origine, l’instrument proposé par Beckerath pour l’Immaculée est beucoup plus imposant que celui qui sera finalement installé. Il s’agit alors d’un orgue de 47 jeux, répartis sur trois claviers. Cet instrument doit être installé dans le premier jubé de l’église. Après divers tests, on s’apercevra toutefois que la structure ne supporterait pas une pareille charge. Beckerath retourne à sa planche à dessin, accouche du devis que l’on connaît, qui n’aura de cesse d’être célébré et louangé.

En 1959, la commande est passée : l’Immaculée-Conception aura son orgue Beckerath! Cependant, Gaston et Lucienne Arel ne se sentent pas tout à fait prêts pour bien jouer de ce type d’instrument. C’est l’occasion de concrétiser un projet qui leur est cher : aller en Europe recevoir cette indispenble formation et y toucher les instruments anciens. Le couple envisage d’abord de se rendre étudier auprès d’Helmut Walcha. Bien qu’ils lui écrivirent à de multiples reprises, Walcha ne leur répondit jamais. Découragés, le couple se confie à Rudolf von Beckerath, qui leur conseille le maître tout désigné : Charles Letestu5. C’est ainsi que, par l’entremise de Beckerath, les Arel entrent en contact avec Letestu, musicien français vivant à Hambourg. Letestu accepte de les prendre sous son aile. Grâce à une bourse du Conseil des Arts du Canada, Gaston et Lucienne Arel se rendront ainsi étudier auprès de ce maître, durant l’année 1960, laissant derrière eux famille, enfants, responsabilités professionnelles, ce qui, pour l’époque et même de nos jours, est plutôt courageux et exceptionnel. Ils bénéficieront de l’appuie de leurs familles. Isabelle, jeune sœur de Lucienne, veillera sur les enfants durant cette absence. Ils y retrourneront en 1964.

Lors de ces périples, Arel approfondira Bach et ses contemporains, s’initiera aux doigtés anciens, jouera de nombre d’instruments anciens et fera meilleure connaissance avec Beckerath.

Il sera fin prêt à revenir au pays, cette fois pour y inaugurer le nouvel instrument dont il sera le premier titulaire et y amorcer une nouvelle période créatrice de sa vie et de sa carrière.

Beckerath, Ars Organi et l’enseignement (1961-1974)

24 septembre 1961. Gaston Arel inaugure l’orgue de 38 jeux installé par Rudolf von Beckerath en l’église de l’Immaculée-Conception de Montréal. Critiqué par certains pour avoir décidé d’inaugurer lui-même l’instrument, les auditeurs présents se souviennent plutôt d’un récital mémorable.

Montréal a maintenant trois instruments du facteur Hambourgeois. Kenneth Gilbert réunit ses collègues autour d’un projet bien précis : mettre en valeur ces intruments. Pour cela, il faut créer une société de concerts. Ars Organi verra le jour en 1960, formé des mêmes têtes qui composaient auparavant le Groupe Conrad-Letendre. Gaston Arel en sera le trésorier, de la fondation jusqu’à la cessation des activités de la société, en 1973.

Au moment de fonder Ars Organi, les membres du défunt Groupe Conrad-Letendre avaient alors profondément évolué. Leurs voyages d’études à l’étranger leur avait fait connaître un idéal de l’orgue différent de celui qu’ils connaissaient avant leurs départs. Ainsi, le maître Letendre ne comprendra plus tout à fait ses disciples à ce moment, à tout le moins quant au renouveau de la facture d’orgue et à l’installation des instruments de type classique. Arel en garde le souvenir d’une certaine brisure : monsieur Letendre n’a jamais voulu discuter de cette nouvelle tendance. Il n’a jamais accepté, non plus, de se rendre à la tribune de l’Immaculée, et ce, malgré les invitations répétées par Arel. « Une seule fois », dira Gaston Arel, « j’ai aperçu monsieur Letendre dans l’église m’écoutant répéter. Lorsque je m’en rendis compte, je n’eus pas le temps de descendre du jubé pour l’inviter à monter, qu’il était déjà parti ».

Si les concerts se déroulent dans plusieurs temples, c’est principalement à l’orgue de l’Immaculée-Conception qu’ils ont lieu. Mentionnons qu’en 1967, pour le centenaire de la confédération canadienne et durant l’Expo 67, Ars Organi présentera l’intégrale de l’œuvre d’orgue de Bach à cet endroit. Les Arel, Lagacé, Gilbert, Daveluy, L’Heureux-Arel, Bégin-Lagacé, Antoine Bouchard et Jean Leduc se partageront la tribune.

En 1964, Gaston Arel donnera à Montréal, sans doute pour la première fois, un récital exclusivement consacré à l’œuvre de Buxtehude. Ce récital eut un beau succès. Il multiplie les concerts et inaugure plusieurs instruments, dont l’orgue Wolff de l’Abbaye cistercienne Notre-Dame du Lac d’Oka, en 1973, installé suite à ses conseils. En 1972, il donne, pour la première fois, l’exécution intégrale de l’Orgelbüchlein, de Bach, qui sera enregistrée pour Radio-Canada puis, plus tard, fera l’objet d’un disque, sur étiquette Fonovox.

Du côté de l’enseignement, les choses évoluent. En 1964, il cesse d’enseigner l’orgue au Séminaire de Saint-Hyacinthe. Il commence à enseigner aux conservatoires de Trois-Rivières et de Montréal, tant l’orgue que l’harmonie. Il cessera d’enseigner à Trois-Rivières en 1969. Il enseigne également l’été, à la Villa Musica (St-Jean-des-Piles), en 1965 et 1966, puis au Centre d’arts Orford, à partir de 1973. L’abbé Bouchard aurait bien voulu l’attirer à l’Université Laval, dès 1961, mais sans succès. Malgré l’intérêt de l’offre, Arel préféra attendre et les occasions se présentèrent par la suite à Montréal.

Si la carrière d’Arel va bon train, l’Église catholique, elle, vit de profonds bouleversements. Suite au Concile Vatican II, la liturgie évoulue dans toutes les directions : elle se cherche, à l’image de cette société québécoise d’alors, elle-même en pleine Révolution tranquille. Au début des années 1970, la situation se corse : la musique dite « sérieuse » est mise à mal en certains temples. L’Immaculée-Conception ne fera pas exception. On tente d’influencer Arel en ce sens et de lui faire joueur des musiques plus « accessibles », davantage aux goûts du jour. En 1974, la coupe déborde : on ne veut plus utiliser l’orgue Beckerath. Le comité de liturgie veut que l’organiste accompagne des chants populaires sur un clavier électronique. Cette position reçoit l’aval des Jésuites. En septembre 1974, Arel démissionne de son poste.

Cette journée-là, après avoir remis sa démission, il se rend immédiatement au conservatoire trouver Daveluy, alors directeur de l’institution. Ensemble, ils appeleront Claude Gingras, du quotidien La Presse, qui titrera l’affaire en première page le lendemain. Car, affaire il y eût : le milieu de l’orgue organisa un boycott de l’instrument.

Voilà, sans aucun doute, l’heure la plus triste de la vie et de la carrière de Gaston Arel. Ironiquement, Arel avait proposé l’installation d’un nouvel instrument, à la fin des années 1950, afin de participer au renouveau liturgique qui s’annonçait alors. Il était loin de se douter que ce renouveau mènerait à tant d’ignorance et d’ingratitude.

(à suivre)


Légende

1
Avocat, organiste, membre des Amis de l’orgue de Montréal et de la FQAO, ancien élève de Gaston Arel, au Conservatoire de musique de Montréal (1990-1995) et en privé par la suite.
2
On doit à Marcel Arel certains clichés inédits de l’orgue Beckerath de l’église de l’Immaculée-Conception, ainsi que certaines images de son frère Gaston parmi les plus réussies.
3
Orgue qui se trouve maintenant installé en la Cathédrale de Trois-Rivières, récemment restauré par Fernand Létourneau et son équipe.
4
Pour un historique de l’installation des trois instruments de ce facteur en sol montréalais, voir Christoph Linde, traduit par Antoine Leduc, « Rudolf von Beckerath (1907-1976) », Mixtures, nos 13 et 14
5
Sur l’importance de Charles Letestu, voir le récent article dans Mixtures, no 20 ainsi que le texte Christoph Linde dans Mixtures, nos 13 et 14.


Congrès FQAO 2004
par Robert Poliquin et Geneviève Boulanger


Déroulement

Le cinquième congrès annuel national de la Fédération québécoise des amis de l’orgue s’est déroulé à l’église Notre-Dame-de-la-Victoire de Lévis, le vendredi 18 juin 2004.

Le congrès a débuté par la tenue de l’assemblée générale des membres qui s’est déroulée dans la chapelle de l’Immaculée, à l’étage de la sacristie. Quelque trente membres ont assisté à l’assemblée qui a renouvelé le mandat de Martin Yelle comme représentant de la région des Bois-Francs alors que tous les autres membres du conseil d’administration ont été reconduits dans leurs fonctions respectives : Gérard Mercure à la présidence, Gilles Rioux à la vice-présidence, Jean-François Downing en tant que secrétaire, et Réal Gauthier en tant que trésorier. Les autres administrateurs sont Michelle Quintal, Robert Poliquin et Jean-Paul St-Germain.

L’assemblée terminée, les participants se sont dirigés à la tribune du grand orgue de l’église pour y être entretenus par monsieur Jacquelin Rochette, directeur artistique chez Casavant Frères, sur les travaux de restauration effectués par cette maison sur le grand orgue Mitchell. Après la rencontre, il y eut collation, dans la sacristie, et exposition/vente de partitions et enregistrements dans la chapelle de l’Immaculée.

Le point culminant de la journée était sans contredit, le grand concert soulignant les 125 ans de fondation de la maison Casavant Frères, donné par monsieur Gaston Arel, concert qui comprenait, notamment, la création de la « Suite en hommage à Casavant Frères » de Claude Thompson, en présence du président de Casavant Frères, monsieur André Grémillet. Le programme comprenait aussi la Toccata septima de Muffat, six chorals du Chavierübung de Bach, la Suite de Pâques de Roger Matton, et la Toccate et fugue en sol majeur, opus 31, no2 de Rachel Laurin.

Un vin d’honneur, un hommage à monsieur Gaston Arel au cours duquel il y eu un éloge lue par madame Noëlla Genest et remise de cadeaux afin de souligner l'implication de Gaston Arel dans la FQAO au cours des dix dernières années, en tant que président, et dans le monde de l’orgue pour au-delà de quarante ans, le tout suivi d’un délicieux repas servi sur place.

Au terme de cette journée bien remplie, tous les participants étaient unanimes à se souhaiter « À la prochaine ».

Réactions

Madame Chantal Boulanger, de Sherbrooke, qui assistait pour la première fois à un congrès de la FQAO, s’est exclamée « Quel beau congrès! ».

Monsieur Christopher Dawes, de Toronto, a tenu à faire part de ses réactions dans un article intitulé « Au pays des frères Casavant, un voyage au cœur de la facture d’orgue au Canada » et qui a paru dans la revue Organ Alternatives (Automne-hiver 2004, no 39) :

« La nuit précédant la tenue du Congrès national annuel de la FQAO, j’ai logé à Lévis, à quelques pas de l’église Notre-Dame-de-la-Victoire. Une lauréate du Concours d’orgue de Québec, Nathalie Gagnon, est l’organiste titulaire de l’orgue Mitchell datant de 1870 et récemment restauré par Casavant.

Le congrès a présenté des éléments qui me sont familiers : un haut degré de formalité, un manque flagrant d’intérêt de la part des jeunes organistes dans les affaires de la fédération, critiques vives contre les malheurs qui affligent le monde de l’orgue, et un savoureux souper où j’ai eu l’honneur de souper avec deux des plus grandes figures de l’orgue au Québec : Claude Thompson et Antoine Bouchard.

Selon le président de Casavant, monsieur André Grémillet, suite à un changement de goûts face à l’orgue symphonique (principalement, et sans surprise, vers l’orgue symphonique français), Casavant déploie beaucoup d’efforts dans la production d’instruments à traction mécanique, comme le confirme la nomination de Didier Grassin en tant que directeur responsable des orgues à traction mécanique. À l’instar de tous les autres facteurs dans les années 1960, il a fait remarquer que Casavant a simplement suivi le mouvement de renaissance des orgues historiques. Les goûts artistiques du passé doivent être vus comme des épisodes dans l’histoire de l’orgue, toujours sujets à ré-évaluation. La maison espère que ses efforts faits pour l’avancement de la facture d’orgue seront inclus dans l’histoire. »

Conclusion

Le conseil d’administration de la FQAO tient à remercier les artisans de ce congrès : Gilles Rioux, vice-président, qui a pris en charge l’organisation générale, Jean-François Downing, secrétaire, qui était chargé du déroulement de l’assemblée générale ainsi que l’hommage à Gaston Arel, Louise Fortin-Bouchard qui a déniché un traiteur hors pair pour le souper et Nathalie Gagnon, l’organiste-titulaire de l’église Notre-Dame-de-la-Victoire pour sa disponibilité concernant les arrangements pour la tenue du concert-hommage ainsi que tous ceux et celles qui, de près ou de loin, ont travaillé au succès de cette activité.

P.S. Les photos prises au cours de ce congrès peuvent être visionnées à la page web de la FQAO à l’adresse suivante, sous l’onglet « Congrès 2004 » :

http://www.fqao.org


Les récitals du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap
35 ans déjà

par Michelle Quintal


À l’instigation de Noëlla Genest, les Pères Oblats, gardiens du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, organisent chaque année depuis 1969, une série de huit à dix récitals durant les mois de juillet et d’août. Cette décision répond aux vœux des pèlerins et des visiteurs désirant entendre le brillant orgue de 75 jeux, 3 claviers, 5245 tuyaux, installé dans la basilique par la maison Casavant Frères et dont l’harmonisation a été réalisée sous la direction Lawrence I. Phelps.

D’esthétique néo-classique, cet instrument, à traction électro-pneumatique, a été inauguré par Claude Lavoie le 4 juillet 1965. Il fut cependant ré-inauguré en 1991 par Gilles Rioux à la suite d’une restauration au cours de laquelle les trois jeux d’anches en chamade ont été à la base de la création d’une section flottante appelée « Résonance ». De plus, une Grande Fourniture et une Grosse Tierce ont été ajoutées au Grand-Orgue. Afin d’ajouter à la souplesse d’utilisation de l’instrument dans l’interprétation du riche et varié répertoire d’orgue, un combinateur électronique à seize niveaux de mémoire a été installé.

Noëlla Genest, alors organiste titulaire, a donné tous les récitals d’été de 1969 à 1972. Depuis trente-cinq ans, près de trois cents récitals ont eu lieu, récitals donnés par de jeunes organistes ainsi que par des organistes chevronnés provenant du Québec et d’ailleurs (Suisse, France, Italie, Canada, États-Unis) qui ont eu la chance de faire sonner ce grand instrument. Ils y jouaient gratuitement jusqu’en 1980. Pendant quelques années, Luc Santoire, représentant de Casavant, a payé l’impression des programmes. À partir de 1981, les Pères Oblats ont alloué un budget tant pour l’impression des programmes que pour les honoraires des organistes. L’entrée à ces concerts est gratuite. Depuis l’année 2003, suite à une situation financière devenue précaire, les Père Oblats ont sollicité une contribution volontaire de la part des auditeurs. À l’été 2004, on a ainsi recueilli 1 737,58$. Depuis deux ans, on retrouve le nom de commanditaires sur les programmes dont Pro Organo (Mauricie) Inc.

En 1984, à l’occasion des fêtes du 350e anniversaire de Trois-Rivières, chaque organiste invité avait inscrit à son programme une ou plusieurs œuvres de compositeurs originaires de la région trifluvienne ou y ayant œuvré pendant plusieurs années. Sept compositeurs y furent joués : Pierre-Michel Bédard, Raymond Daveluy, Gilles Desrochers, Raymond Perrin, Bernard Piché, Antoine Reboulot et J. Antonio Thompson. C’est à cette occasion que j’ai appris que Bernard Piché était compositeur et que, par la suite, j’ai décidé de faire connaître ses œuvres.

Depuis, plusieurs organistes compositeurs ont eu la satisfaction de jouer leurs propres œuvres sur cet instrument. Parmi eux, Louis Allard, Édith Beaulieu, Denis Bédard, Pierre-Michel Bédard, Philippe Bournival, Martin Brossard, Rachel Laurin, Jean Le Buis, Dominique Lupien, Christian Nass-Leroy, Jean Morissette, Raymond Perrin, Odile Pierre, Lionel Rogg ainsi que Gilles Rioux, organiste titulaire de 1989 à 2004. Le répertoire pour orgue à 4 mains a été exploité par les duettistes Sylvie Poirier et Philippe Crozier ainsi que par Stéphane Saint-Laurent et Rachel Alflatt.

Depuis l’arrivée, en 1989, de Gilles Rioux comme organiste titulaire, l’improvisation y occupe une place de choix non seulement avec les prestations du titulaire mais aussi celles de Georges Robert (1996), Dominique Joubert (2001), Loïc Dallié (2004), et Dom Richard Gagné, o.s.b. qui, à l’été 2004, a improvisé une Suite folklorique sur des thèmes suggérés par Gilles Rioux ainsi qu’une Symphonie en quatre mouvements. Incidemment, au cours de ce même été 2004, Jacquelin Rochette a souligné les 125 ans d’existence de la maison Casavant Frères en interprétant, entre autres, The Casavant Dyptich de Dan Locklair et Suite en hommage à Casavant Frères composée en 2004 par Claude Thompson.

L’assistance à ces concerts varie entre 100 et 150 personnes, assistance formée d’un noyau d’auditeurs assidus auquel viennent s’ajouter les pèlerins et les touristes de passage.

J’ai eu la chance, ainsi que d’autres musiciens de la région, de participer fréquemment à cette série de Récitals d’été, une expérience chaque fois nouvelle, un défi de taille : jouer une heure sans interruption sauf pour les applaudissements, dans cette enceinte de forme octogonale où le marbre et la céramique prédominent, enceinte pouvant accueillir 1,660 personnes assises et où le temps de réverbération oscille entre 7 à 10 secondes selon l’assistance.

Depuis la première fois où je suis entrée dans la basilique Notre-Dame-du-Cap (j’y étais venue entendre un des récitals de Noëlla Genest en 1972), j’ai souvent été émerveillée par la lumière filtrant des vitraux de Jan Tillemans, o.m.i. (en cherchant bien, on peut y trouver des anges musiciens), et bouleversée par le son de ce Casavant. Les différents interprètes, avec leur art de toucher et de registrer, m’ont fait découvrir, au fil des années, non seulement des sonorités inhabituelles mais aussi un répertoire de plus en plus éclectique.

Les titulaires et les Pères Oblats ont toujours accueilli les interprètes avec générosité. Qu’ils en soient remerciés. Puisse cette série « Récitals d’été du Cap » continuer encore longtemps.

P.S. Merci à tous ceux qui ont participé à ce travail : Noëlla Genest, Robert Poliquin, et Gilles Rioux.


Discographie

  • « À l’orgue de la basilique Notre-Dame-du-Cap »
    SISCOM SC 11213 – Noëlla Genest, organiste
    Oeuvres de Bach, Walther, Widor, Vierne, Alain
  • « Ave Maria au grand orgue »
    ES 50494 – Gilles Rioux, organiste
    Œuvres de Bruna, Cornet, Bach, Gounod, Dupré, Langlais, Peeters
  • « Fantachorus »
    CELEST DC 32682 – Gilles Rioux, organiste
    Œuvres de Gilles Rioux
  • « Orgue en Mauricie »
    QUINT S-110103 – Michelle Quintal, organiste
    Œuvres de Piché, Daveluy
  • « Orgue et chant sacré en Mauricie »
    ATMA ALCD 21013 – Michelle Quintal, organiste
    La Maîtrise du Cap et Les Petits Chanteurs de Trois-Rivières
    Œuvres de Piché, Thompson, Bédard, Beaudoin, Desrochers, Rioux
  • Marcel Dupré : Le chemin de la croix
    REM 311174XCD – Jacquelin Rochette, organiste
  • David MacDonald à Notre-Dame-du-Cap
    CBC/SRC MVCD 1104 – David MacDonald, organiste
    Œuvres de Widor, Duruflé, Messiaen, Alain, Daveluy, Cardy, Franck


Congrès CRCO - Winnipeg 2004
par Robert Poliquin


Winnipeg, porte d’entrée vers l’Ouest canadien; Winnipeg, située au confluent de la rivière Assiniboine et de la rivière Rouge qui, comme la Chaudière à Québec, fait des siennes tous les printemps car, comme elle, elle coule du sud au nord; Winnipeg, chargée d’histoire pour les Canadiens-français et les Métis, dont le souvenir est concentré dans le quartier Saint-Boniface où se trouvent les institutions les plus importantes pour la population; Winnipeg, qui, comme Québec, tente de revaloriser son centre-ville après avoir subi un exode vers les banlieues; la revitalisation est surtout visible dans un secteur nommé « Les Fourches » où l'on recycle les terrains et bâtiments laissés vacants par les compagnies de chemin de fer; autour de la gare principale, où l'on trouve plusieurs boutiques, un parc où il fait bon se reposer et une promenade, au bord de la rivière Rouge; Winnipeg, où le ciel du centre-ville se pare de gratte-ciel et où se développe une ville souterraine qui rappelle Place Ville-Marie, à Montréal, mais en plus modeste; Winnipeg, où la rue principale possède 10 voies de large; Winnipeg, où, dans ses quartiers centraux, les maisons sont de dimensions plutôt restreintes, d'allure similaire, alignées mais séparées d'une distance d’environ trente pieds sans aucun accès pour les automobiles... Celles-ci doivent utiliser les ruelles où se trouve les garages, appendices essentiels étant donné la rigueur des hivers manitobains. Voilà pour le côté touristique!

Le congrès 2004 du CRCO (Collège royal canadien des organistes) s’est tenu du 18 au 21 juillet 2004, à Winnipeg. Pour m’y rendre, j’ai choisi la voie des airs (question de temps) mais, pour profiter d’un vol direct Québec-Toronto, j’ai dû partir vendredi le 16 juillet (ce qui me laissait la journée du 17 libre) et une heure de plus (décalage horaire) pour me familiariser avec la ville. Coté météo, toute la semaine a été ensoleillée et très chaude.

Samedi matin, 10 heures, je suis prêt à entreprendre ma tournée de reconnaissance. Comme je loge à l’hôtel Fort Garry, petit cousin du Château Frontenac de Québec qui a fait partie de la grande famille des hôtels que le Canadien Pacifique entretenait dans les principales villes du pays, je me dirige, muni d’un guide touristique, vers le secteur « Les Fourches » pour la visite des lieux. Pour nous, francophones, le Manitoba fait résonner trois noms : Saint-Boniface, Louis Riel et Gabrielle Roy.

Impossible d’aller à Winnipeg sans visiter la cathédrale Saint-Boniface toute chargée d’histoire. Il s’agit du cinquième édifice à être bâti sur le même site. Cette immense cathédrale fut construite en 1906 à 1908. Malheureusement, elle fut la proie des flammes le 22 juillet 1968. De cette cathédrale, il ne reste que la façade et les murs extérieurs. Une cathédrale, aux dimensions plus modestes et de style plus moderne, a été construite à l’intérieur des murs. Le terrain devant la cathédrale est un cimetière où sont enterrés les grands noms de l’histoire canadienne-française manitobaine dont Louis Riel. En quelques heures, j’ai plus appris sur l’histoire du Manitoba que tous mes cours d’histoire du Canada. À quelques pas, le Musée Saint-Boniface, installé dans le premier couvent construit pour les Sœurs Grises en 1846, compléte mon cours d’histoire. La maison Gabrielle-Roy, rue Deschambeault, rappelle l’auteure de « Bonheur d’occasion » et « Rue Deschambeault ». Une maison rénovée qui a gardé tout le cachet d’antan. Un musée en l’honneur de Gabrielle Roy et de sa famille.

Contrairement aux villes québécoises, mis à part la cathédrale de Saint-Boniface, il n’existe pasbeaucoup d’immenses églises. La plupart sont des édifices de dimensions plus réduites et d'allure « protestantes ». Une randonnée pédestre, en quête de restaurant, dans le centre-ville de Winnipeg et je compte au moins quatre églises que nous visiterons pendant le congrès.

Dimanche midi, c’est l’heure de l’inscription et une première lecture du programme détaillé de la semaine… Première activité ce dimanche après-midi, dans un parc.

Concert champêtre

Dès une heure, l’autobus roule vers Parc Assiniboine situé au nord de Winnipeg. Il y a dans ce parc, un kiosque où l’on donne régulièrement des concerts en plein-air. Pour l’occasion, on y a aménagé un orgue électronique Rodgers Trilium T927 (3 claviers, 44 jeux) avec 6 grosses caisses de son (trois de chaque côté).

L’organiste Valerie Hall, de la cathédrale Holy Rosary de Régina, donne un récital de pièces connues. Plusieurs badauds se joignent à nous et nous voilà, sous un soleil ardent, à écouter un concert d’orgue en plein décor champêtre. Les pièces les plus appréciées ont été la célèbre Toccata et fugue en ré mineur de J.S. Bach, et la Toccata de la Symphonie no 5 de Charles-Marie Widor. Quant à la sonorité de l’instrument, celle-ci était convenable dans les passages plus doux mais dès que le volume augmentait, un son métallique s’installait et venait presque gâcher le tout.

Anecdote amusante : j’ai vu, de mes yeux vu, dans ce parc, non pas une, non pas deux, mais trois parties de criquet. On se serait cru dans le film québécois La grande séduction.

Festival d’hymnes

Cette deuxième activité a mis en valeur ce que les protestants possèdent de mieux : le chant choral. En effet, dans l’église anglicane St. Matthew (Casavant, 1948, III/40), où il faisait une chaleur torride, le chœur et les participants se sont partagés une série de douze hymnes tantôt chantés par les voies féminines, tantôt par les voix masculines, tantôt à l’unisson, tantôt à quatre voix mixtes. L’organiste Lynne Mavins mous a exécuté Trois Variations sur le choral Veni, Creator Spiritus de Marcel Dupré, en introduction, et, en guise de postlude, Gaudeamus Pariter de J. Horn.

Première journée du congrès
(19 juillet)

Pendant que le conseil national se réunit, nous profitons d’une grasse matinée puisque notre première activité n’est qu’à 10 heures. À peine dehors, on comprend que la journée sera chaude.

Un premier service religieux a lieu à l’église anglicane St. Luke (Casavant 1910 / Hill, Normand & Beard 1953 / Buck & Mantle 1979, IV/59) en compagnie de chœur de la paroisse et de l’organiste Keith Tinsley. L’organiste invité, Peter Fyne, a joué le prélude et le postlude.

Immédiatement après le service, l’organiste John Vandertuin a donné un récital. Après des études en piano et en braille, cet ontarien d’origine est devenu un élève de Jean Langlais. Il a, à son crédit, plusieurs diplômes universitaires en musique et en interprétation en plus d’avoir obtenu plusieurs prix dont le Prix Conrad Letendre, à Montréal, en 1979.

Grâce au combinateur électronique, John Vandertuin nous a livré un concert anglo-britannique avec des œuvres de Hollins et de Elgar mais aussi un clin d'oeil vers Jean Langlais dont la pièce Supplication lui a été dédiée. Il nous a aussi offert la Suite « Orbis Factor » de Conrad Letendre. Cet orgue sonne particulière bien dans cette église de petite taille grâce à une section placée à l’arrière de l’église. Récital remarquable surtout que toutes les pièces étaient mémorisées.

Après un petit dîner pris en groupe et nous partons vers l’église unie Young où nous attendent deux activités : un atelier donné par Naji Hakim sur le répertoire français de musique contemporaine suivi d’un récital « orgue et percussion », duo plutôt insolite à première vue. À la lecture du programme, percussion veut dire marimba.

L’organiste Don Grice est un étudiant post-doctoral en interprétation aux États-Unis tandis que le percussionniste est Fred Liessens qui a fait ses études musicales à Québec et à Montréal avant d’être nommé premier percussionniste à l’Orchestre symphonique de Winnipeg en 1981.

Le répertoire retenu pour l’ensemble orgue et marimba ou pour marimba solo comportait principalement des pièces du XXe siècle alors que les pièces pour orgue solo nous offraient Clérambault, J.S. Bach et Maurice Duruflé. Bien que jugée insolite au départ, cette combinaison nous a offert un récital de qualité dans des œuvres facilement accessibles. Bravo!

Après un souper libre, nous sommes en route pour l’église unie Crescent Fort Rouge (Casavant 1911/1978, III/33) où nous attend un concert « chœur et orgue » sous le thème « Chante un nouveau psaume » où seront exécutés, pour la première fois, six nouvelles compositions commandées pour ce concert.

La magnificence des chœurs protestants n’est plus à faire et elle s’est encore avérée vraie. Dans une église bondée et dans une chaleur étouffante, nous avons assisté à un concert de haut calibre et merveilleusement réussi. Dans la première oeuvre, A Pentatonic Alleluia, une composition de Ross Whitney, les membres du chœur étaient dispersés dans l’église et, au signal du directeur, des Alleluia surgissent de partout, en canon… une vraie symphonie qui se termine par un Alleluia triomphant. Ça annonçait bien pour les pièces au répertoire. Un vrai délice de voix justes et bien dirigées.

Deuxième journée du congrès
(20 juillet)

Pas de grasse matinée; la première activité est à 9 heures : un service religieux à l’église First Lutheran (Canadian Pipe Organ Co.1921 / Hill, Normand & Beard 1959, III/26). Après quoi les congressistes se divisent en deux groupes : le répertoire des motets pour chœurs et le répertoire espagnol pour orgue. J’ai choisi le premier groupe. La responsable de l’atelier nous a remis une vingtaine de partitions, courtoisie de la maison Canadian Choral Centre de Winnipeg, de motets qui peuvent être exécutés par différents chœurs selon leur difficulté ou les effectifs disponibles. On se divise selon les voix (SATB) et on fait une première lecture les différentes pièces. Je suis surpris de constater que les participants, dont la majorité ont une formation musicale, sont capables d’exécuter ces pièces de façon assez réelle pour que l’on puisse obtenir une bonne idée.

Après dîner, on se dirige vers l’église anglicane Holy Trinity (Canadian Pipe Organ 1912 / Casavant 1950 / Hill, Normand & Beard 1962/1969/1993, IV/53) pour le récital de Maxine Thevenot. Cette organiste canadienne est étudiante au niveau du doctorat au Manhattan School of Music de New York.

Sur un orgue à sonorité anglo-britannique placé à l’avant droit de l’église, elle nous a présenté, en plus de la Pastorale de J.S. Bach, et un prélude de Fanny Mendelssohn, une brochette de pièces du XXe siècle (Hindemith, Burge, Langlais, Eben). Du point de vue technique, la note est élevée mais, quant à l’intensité, la spontanéité et la diversité, ça faisait, à mon avis, défaut.

Après le concert, les congressistes se divisent à nouveau en deux groupes : la relève et les techniques vocales pour chœurs. Encore une fois, j’ai choisi le premier groupe pensant apprendre quelque chose quant aux mesures à prendre pour assurer la relève des organistes. La recette miracle n’existe pas. L’animateur explique la méthode préconisée par l’American Guild Association soit le POE (Pipe Organ Encounter) où des jeunes sont initiés à l’orgue en leur donnant accès à des instruments; dans la technique développée par la section de London (Ontario) du CRCO, le POW (Pipe Organ Week) où les instruments sont mis à la disposition du public afin d’attirer quelques jeunes à s’intéresser à l’orgue. L’animateur est d’avis que ces méthodes ne sont pas infaillibles et ne sont pas applicables partout. Il suffit de vérifier si on peuton peut les adapter dans notre milieu.

En soirée, premier concert gala à l’église unie Westminster (Casavant 1912/1951/1985-86, IV/54, le plus grand orgue romantique de la région de Winnipeg). L’orgue est placé en avant, au centre, ce qui permet au son de se projeter de façon directe dans l’édifice. C'est la soirée que j’attendais où l’on pourra entendre le 3e concerto pour orgue et cordes de Naji Hakim, écrit spécialement pour l’occasion. Encore une fois, l’activité est ouverte au public et l’église est bondée, et il fait très chaud.

Après une première partie assurée par la soprano Valdine Anderson, l’organiste Roy Goodman et l’Orchestre de chambre du Manitoba, la pièce de résistance était enfin dévoilée.

La composition comprend trois mouvements : Allegro, Moderato, Allegro. Le premier mouvement est une sonate qui développe un thème en forme de danse mis en contraste avec une section chorale. Le deuxième mouvement est une série de variations sur un chant maronite. Le final prend la forme d’un rondo. Le matériel thématique est basé sur des chants à la Vierge avec des rappels aux thèmes du deuxième mouvement.

C’est un tonnerre d’applaudissements qui a accueilli cette oeuvre pleine de caractère et où la participation de l'orchestre est importante. Quant à Naji Hakim qui a joué la partition de l’orgue, il était époustouflant et il a accompli sa tâche avec une grande énergie. Dans un échange en français que j’ai eu avec lui après le concert, il a vanté les magnifiques instruments installés au Québec.

Troisième journée du congrès
(21 juillet)

À l’église luthérienne Gloria Dei se trouve le dernier instrument à être installé à Winnipeg (Casavant 2003, II/22). L'orgue est installé à la tribune arrière de l’église dont le plafond au-dessus de la tribune n’est qu’à 12 pieds. Par conséquent, l’instrument ne possède pas de jeux réels de 16’. La sonorité de cet orgue, dans cette église de petite taille, est vive, précise et claire. L'instrument se prête aussien bien à l’accompagnement qu'à l’exécution du répertoire d’orgue.

Une fois le service terminé, les congressistes sont encore une fois divisés en deux groupes : le répertoire pour petit instrument et l’utilisation des clochettes dans la liturgie. Pas de surprise, j’ai choisi le premier groupe car il me permettait de visiter le petit instrument (Wilhelm, 1977, II/10) installé au Canadian Mennonite University. Il est placé contre un mur de la petite salle de concert. Le but principal de cet atelier était de présenter la diversité du répertoire qui peut être exécuté sur un petit instrument. Après avoir interprété une page ou deux d’une œuvre, l’animatrice faisait circuler la partition afin que nous puissions la visualiser. Les compositeurs étaient Barber, Bédard, Bender, Distler, Drischner, Franck, Laurin, Ore, Pepping, Pinkham, Reger, Reincken, Swwelinck, Telfer, Watson Henderson, Woodman, sans oublier, J.S. Bach.

L’avant-midi se termine par un récital d'Andrew Henderson à l’église First Presbyterian (Beckerath 1963, II/30). Cet orgue placé à la tribune arrière de l’église comprend deux buffets : un grand-orgue et un positif de dos. Visuellement, cet instrument est un joyau. De couleur blanche, le buffet se détache bien du plafond qui est en noyer. Les réflecteurs bleus et rouges installés à l’intérieur des buffets font ressortir la brillance des tuyaux de façade.

Le récitaliste, Andrew Henderson, est le gagnant du Concours d’orgue de la CRCO, l’an dernier, à Ottawa. Il est toujours candidat au doctorat au Julliard School et assistant–organiste à l’église St. Ignatius Loyola, à New York. Technicien irréprochable, il nous a conquis par son exécution de Haendel et de Scarlatti mais aussi par des œuvres du XXe siècle (Magi et Paulus). Un récital électrisant et un jeu bien adapté qui ont permis d'apprécier l’instrument à sa juste valeur.

Un dîner pris à la hâte et nous voici en route vers l’église unie St. Andrew River Heights (Casavant 1958, III/39) pour la cérémonie de la collation des grades et l’intronisation du nouveau président du CRCO. L’instrument est installé à l’avant de l’église sur deux sections en cantilever de chaque côté de l’autel ainsi que dans une chambre ouverte placé du côté est de l’église à la même hauteur que les deux autres sections.

Comme peu de répertoire a été joué sur cet instrument, mis à part la pièce d'entrée et de sortie, il est difficile d'en évaluer l’efficacité dans l’édifice.

La cérémonie terminée, nous nous mettons en route pour le dernier concert du congrès, celui donné par Naji Hakim, à l’église unie Knox (Casavant 1968/1997, III/44). Tout comme à l’église Westminster, l’orgue est placé au centre à l’avant de l’église, endroit idéal pour la propagation du son vers l’assistance.

C’est un Naji Hakim en forme qui se présente pour ce récital malgré une chaleur intense dans l’église qui est bondée, car l’activité est ouverte au public. Après un Récit de tierce en taille de de Griny et la Passacaille et fugue en do mineur de J.S. Bach qui mettent en valeur les couleurs de l’orgue, Hakim nous introduit dans le monde mystérieux de Charles Tournemire avec sa Suite évocatrice. Puis, improvisation. Nous prenons un livre de psaumes et, au hasard, nous pointons une pièce avant de répéter l'opération dans un autre livre de psaumes. Voilà les deux thèmes retenus. Après quelques minutes de réflexions et la préparation de registrations, Naji Hakim nous amène, pendant douze minutes dans un labyrinthe sonore où les deux thèmes s’entrecroisent tantôt aux claviers manuels tantôt à la pédale où apparaissent des voix solo accompagnées d’accords subtils, avant de terminer sur un final triomphal.

Conclusion

Tout au long du congrès, j’ai photographié les lieux et les instruments que nous avons visité et j’ai recueilli beaucoup de documentation. Au cours des semaines qui viennent, ces photos seront disponibles sur le site internet dont j’assume l'animation.

L’an prochain, à London (Ontario), du 18 au 21 juillet, avec les organistes Peter Planyavsky (Cathédrale St. Stephan, Vienne), Peter Richard Conte (Wanamaker Organ, Philadelphie, PA) ainsi que Neil Cockburn, Rachel Laurin, Jonathan Oldengarm, David Palmer...

J’y serai; et vous?


Les Mercredis de l’orgue à l’Oratoire Saint-Joseph
Saison 2004 - Des découvertes intéressantes!
par Jean-François Downing


Un vent nouveau souffle sur le Mont-Royal depuis un peu plus de deux ans et la direction musicale de l’Oratoire Saint- Joseph, en l’occurrence le nouvel organiste titulaire, Philippe Bélanger nous offre, pour une deuxième saison, des spectacles inusités, différents de ce que les fidèles abonnés étaient habitués d’y entendre. C’est donc dire que la nouvelle série des Mercredis de l’orgue était fort attendue, car la barre était haute, Les Concerts Spirituels nous ayant habitué à un haut niveau artistique. À sa première saison l’an dernier, la programmation me laissait perplexe. Mais j'ai pris tout de même l’abonnement et ne fut pas déçu. Pour la saison 2004, on nous réservait encore des surprises qui se sont révélées d’égal bonheur.

La saison débuta d’une façon assez inusitée. Il s’agissait d’une soirée de cinéma (non, nous ne sommes pas au FFM!). Nous avons eu droit au visionnement du classique (1923) du cinéma muet The Hunchback of Notre-Dame (Le bossu de Notre-Dame) mettant en vedette l’inimitable Lon Chaney. On avait installé un véritable écran géant directement sous la tribune de l’orgue et on avait confié la trame sonore improvisée à Peter Krasinski, jeune musicien américain, lauréat du prix d’improvisation (2002) de l’American Guild of Organists (AGO). Voilà qui n’est pas une mince tâche que d’improviser sans arrêt durant deux heures ou à peu près! Krasinski y est parvenu sans nous lasser. Bien sûr, les mêmes formules revenaient, mais l’artiste, demeurant fidèle à la projection (qu’il pouvait suivre à partir d’un moniteur installé à la tribune), a su créer le ton et le maintenir tout au long avec des effets harmoniques intéressants. Rien de banal dans ce concert d’ouverture. J’avoue m’y être déplacé sans grand entrain, mais j’en suis ressorti le sourire aux lèvres, la soirée m’ayant procuré beaucoup de plaisir.

Le deuxième rendez-vous nous proposait une soirée de « trombone et orgue ». Le trombone n’étant résolument pas dans ma liste d’instruments préférés, j’avais, encore une fois, une certaine appréhension en me rendant à la basilique. Il faut cependant avouer que le nom d’Alain Trudel ne pouvait que rallier des mélomanes à la cause de son instrument. Trudel nous a livré des performances délicieuses avec la virtuosité qu’on lui connaît et nous a fait connaître un répertoire pour orgue et trombone dont un Morceau symphonique de Guilmant et un Duet de Gustave Holst, œuvre qui m’a particulièrement plu. Une autre révélation de la soirée fut la prestation de Patrick Wedd qui nous a interprété quelques œuvres pour orgue solo dont le Scherzo, Opus 2, de Duruflé. Wedd s’est révélé un habile coloriste et son tempo, un tantinet lent, semblait cependant convenir au lieu et à l’instrument. La surprise fut sans doute son interprétation de la grande Sonate sur le psaume 94 de Julius Reubke, cheval de bataille de nombreux organistes. Sa performance fut enlevée, fougueuse, et d’une registration attentive et suave. Notre organiste l’avait travaillée à fond et ça se sentait. Une performance qui m’a fait apprécier une œuvre qui jusque-là m'ennyait. Je le félicitai chaudement. Je connaissais Patrick Wedd comme excellent organiste (Cathédrale anglicane Christ Church de Montréal) et extraordinaire chef de chœurs (j’ai en mémoire une prestation inoubliable des Motets de Duruflé), mais ce soir là, j’ai connu Wedd le virtuose.

La soirée du 11 août nous proposait une autre aventure audacieuse car on avait invité, à la basilique, l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal et son chef Yannick Nézet-Séguin. Lorsque l’on connaît bien les caprices de l’acoustique de cette enceinte de béton, on a de quoi craindre le pire! L’orchestre, placé directement sous la tribune, entrerait dans une lutte à finir avec le Beckerath et son titulaire Philippe Bélanger pour le tourbillon sonore de la coupole! Abonné de la tribune, j’hésitai entre celle-ci et le parquet. J’optai pour la tribune et ne fut pas déçu. Si le jeu des cordes était un peu effacé, les percussions et les cuivres, en revanche, sonnaient franchement et de façon incisive de chaque coté de la tribune (je faisais dos au positif) et chose assez surprenante, le mariage sonore avec l’orgue fut plus que satisfaisant. Des amis m’ont rapporté que l’équilibre fut aussi satisfaisant sur le parquet, mais que le détail y a souffert et les cordes ont paru sans verve. Il ne s’agissait pas d’une première à l’Oratoire car, en 1974, le célébre Virgil Fox y donnait un concert avec l’orchestre de chambre McGill sous la direction d'Alexander Brott dans le Concerto de Poulenc, mais avec une différence importante : Fox « traînait » avec lui son fameux Rodgers Touring Organ! Oui, un « grille-pain », comme disent les Américains détracteurs de l’orgue électronique! Rendons à César ce qui lui revient, Fox avait quand même daigné monter à la tribune nous jouer la Fantaisie et fugue en sol de Bach (BWV 542) au Beckerath. Fox était d’un magnétisme formidable et je conserve un vif souvenir de cette soirée. Mais je m’éloigne de notre sujet! Les œuvres de la soirée : une création digne de mention : l’organiste et directeur musical à l’église St. Andrew & St. Paul, de Montréal, Julian Wachner, nous proposait Triptych pour orgue et orchestre, commande de Philippe Bélanger pour le centenaire de l’Oratoire Saint-Joseph. Bien qu’on n’ait eu droit qu’au premier mouvement (Logos) de l’oeuvre, celui-ci se révéla suffisamment fort et intéressant pour espérer entendre les deux derniers mouvements dans un avenir rapproché. Il s’agit d’une écriture où s’entrechoquent les deux forces sonores avec effets de solistes et guirlandes musicales abstraites. Écriture résolument moderne mais accessible et non dépourvue d’intérêt. Sans entracte, les forces musicales se sont réunies, une fois de plus, dans la Symphonie no. 3 (avec orgue) de Saint-Saëns. Mis à part certains passages où on aurait souhaité un jeu plus mordant et équilibré de cet orchestre, le résultat fut plus que satisfaisant. Bélanger tint la partie d’orgue avec beaucoup de conviction et produisit un effet séduisant. Par moments on eût possiblement préféré une basse de 32’ plus ronflante et des fonds plus amples, mais je n’ouvrirai pas ce débat! (cet instrument demeure, du reste, d’une beauté incontestable).

Le thème de la soirée du 18 août, « l'orgue-orchestre », était confiée à notre vice-président, Gilles Rioux. Une fois de plus, une soirée peu banale, car le programme était composé de nombreuses transcriptions dont deux de l’artiste lui-même. La Chaconne de J.S. Bach (de la Partita, BWV 1004) ouvrait le programme. Ici, Rioux s’est avéré un fort habile transcripteur utilisant des registrations aussi variées que savoureuses. Intéressante comparaison avec ce qu’avait fait Olivier Latry à l'église St-Jean-Baptiste, de Montréal, (Académie estivale d’orgue de McGill 2003); la Chaconne nous y était présentée dans une adaptation pour orgue d’Henri Messerer (1838-1923), organiste de Saint-Charles de Marseilles, de 1873 à 1923. Comme il ne faut surtout pas comparer une œuvre originale pour violon solo à un exercice de ce genre, on doit admirer la solidité et le respect de la transcription et s’émerveiller du nouveau regard qu’on nous propose. Deux autres transcriptions suivaient, la Sinfonia (de la cantate no. 29) de Bach, dans l'arrangement de Marcel Dupré. Voilà une œuvre que je n’ai pas souvent entendue en concert ces dernières années (exception faite d’Olivier Latry, toujours à St- Jean-Baptiste, si ma mémoire est fidèle). Rioux la traita avec un tempo juste (peut-être trop lent pour certains) qui respectait l’acoustique du lieu et qui démontrait une musicalité qui s’alliait parfaitement à la technique. Le « bonbon » de la soirée, si vous me permettez le terme, fut sa transcription de quatre mouvements de Peer Gynt (qui se prononce « Père Gounte ») d’Edvard Grieg. C’est avec une aisance déconcertante que Rioux nous fit accroire, ne fut-ce que pour un instant, que cette œuvre avait été écrite pour orgue. Un grand respect de l’œuvre et une registration admirable ont procuré beaucoup de plaisir à l'auditeur. Au fait, Gilles Rioux a donné, tout au long du concert, la nette impression de connaître cet instrument comme s’il en était le titulaire. Après l’entracte, une œuvre bien connue d’Eugène Gigout, le Grand chœur dialogué, œuvre un peu « pompière », mais qui a tout de même réussi à traverser les générations. Gilles Rioux a mis fin à cette soirée avec deux œuvres de son cru, soit un Choral symphonique et une Improvisation sur un thème soumis (par Philippe Bélanger). Le langage de Rioux est fort intéressant, à la fois accessible et original et toujours surprenant. Souhaitons qu’il consacre encore plus de son temps à la composition. Son improvisation, sur un seul court thème assez banal, nous a démontré son métier indiscutable. Si plusieurs improvisateurs tournent en rond pendant de longs (lire parfois interminables) moments, Gilles Rioux prend un réel plaisir à exploiter le thème de façon vivante, originale et mettant à contribution les immenses ressources du grand Beckerath. Gilles Rioux est ce qu’il convient de décrire comme organiste complet. Son jeu allie sensibilité, raffinement et une technique à toute épreuve. Voilà une soirée exceptionnelle qui nous a fait « du bien »!

Le 25 août, clôture de la saison. On avait invité Diane Bish, organiste américaine de renom qui se surnomme la First Lady of the Organ, épithète quelque peu prétentieuse, on en conviendra (du moins tant que Marie-Claire Alain n’aura pas pris sa retraite!). Il me fut impossible d’assister à ce dernier concert, mais on m’a rapporté un jeu précis, équilibré et sans excès de madame Bish. On aura témoigné de son solide métier. Notre ami critique préférant attirer davantage l’attention sur l’âge (ou l’absence de date de naissance) de l’artiste que sur sa prestation, il s’agit là d’une situation quelque peu déconcertante pour le public de l’orgue dans la métropole...

Toutes mes félicitations à Philippe Bélanger et son équipe des Mercredis de l’orgue qui nous a prouvé que la différence a parfois aussi bon goût!


Holy Trinity
Un nouvel orgue à la cathédrale anglicane de Québec

par Benjamin Waterhouse


La ville de Québec fêtera son 400e anniversaire en 2008. Mais, en attendant cette date marquante, on célébrera, cette année même, le 200e anniversaire de la cathédrale anglicane Holy Trinity. Et pour souligner cet événement, un orgue historique de 1790 vient d’être installé dans le choeur de l’église.

La cathédrale anglicane fut construite entre 1800 et 1804 sur ordre du roi George III d’Angleterre. C’était la première fois qu’on érigeait exprès un bâtiment sur le continent américain pour servir de cathédrale anglicane et de siège épiscopal. Son architecture classique allait exercer une profonde influence sur les églises québécoises.

Dès son ouverture, la cathédrale possédait un orgue – un instrument de trois claviers, sans pédalier, construit, à Londres, par Thomas Elliot. Si, pendant le régime français, les rares orgues à Québec venaient de France - dont le célèbre et regretté orgue Richard installé à la cathédrale Notre-Dame en 1753 -, pendant le régime anglais, les églises se tournaient vers les facteurs londoniens pour garnir leurs jubés. Thomas Elliot, facteur attitré de la couronne anglaise, a ainsi construit deux orgues pour Québec, celui de la cathédrale anglicane et celui de la cathédrale Notre-Dame, en plus d’un troisième pour la cathédrale anglicane de Montréal.

Pendant quelques décennies, Québec a donc profité des sons doux et agréables de ces orgues de facture anglaise, mais leur construction classique allait être bientôt bouleversée par des influences venues du continent. À l’apogée de son développement, l’orgue anglais se distinguait de ses cousins français et allemands. Il était plus petit (une vingtaine de jeux tout au plus), sans pédalier, et dépourvu du grandiose plein-jeu qui constituaient la base de l’orgue continental. Par contre, il produisait des sons suaves et majestueux, et l’étendue des claviers manuels qui descendaient jusqu’au sol grave, compensait, en partie, l’absence du pédalier. L’essence même de cet orgue était constituée du mélange des « diapasons » au grand orgue (un principal ouvert et un bourdon de bois, bouché), qui possédait une extraordinaire éloquence et qui donnait le ton au reste de l’instrument. Au grand orgue aussi, on trouvait le complément de la famille des principaux : prestant, quinte, doublette, et mixture, le plus souvent à tierce, avec une trompette et un cornet pour de volubiles solos à la main droite; au positif, qui commençait aussi au sol grave, des jeux de fond qui répondaient à ceux du grand orgue, une flûte de 4 pieds et un cromorne, un basson ou une voix humaine; au récit, dont les jeux de dessus commençaient seulement vers le milieu du clavier, une trompette, un hautbois et un cornet, enfermé dans une boîte expressive qui permettait des jeux d’écho.

Il ne reste malheureusement aucun de ces instruments anglais de Québec, dont les qualités n’ont pas résisté aux modes qui ont balayé l’Amérique au cours du XIXe siècle. Par contre, par une suite d’événements aussi fortuits qu’extraordinaires, la cathédrale anglicane vient de recevoir un petit orgue anglais de 1790. Cet instrument, construit par le facteur « England & Son », est issu de la même école de facture que les instruments perdus de Québec.

En 1811, Sir William Bagshawe, médecin et ami de Haydn, installe l'orgue England dans sa maison de campagne, à Oakes Park, dans le Yorkshire. L’orgue était placé dans une alcôve de sa salle à manger, où il est resté jusqu’aux années 1980. Acquis par le collectionneur et mécène ontarien Gordon Jeffries dans une vente aux enchères, il est remonté à London, en Ontario. À la mort de Gordon Jeffries en 1986, la fondation, qui s’occupe de placer tous les instruments de sa collection, l’offre à la ville de Montréal, qui le fait venir et l’entrepose chez le facteur Hellmuth Wolff. Grâce à un très généreux don anonyme, l’orgue est ensuite acquis par la cathédrale anglicane de Québec, en 2004, et restauré par les soins de Wolff et Associés.

Sur le plan historique, il reste très peu d’instruments représentatifs des diverses époques de la facture anglaise, même en Angleterre. L’engouement pour la musique de Bach, qui a suivi les visites de Mendelssohn au début du XIXe siècle, a assuré une meilleure connaissance de la grande facture allemande et a mené à la modification ou carrément à la destruction de la plupart des orgues de facture classique, jugés désuets. La présence d’un exemplaire authentique de cette facture anglaise au Québec, pour témoigner de sons disparus depuis longtemps, tient presque du miracle.

L’orgue a été construit par le facteur « England & Son » en 1790, autrement dit par John England et son fils, George Pike England. Il possède un jumeau identique, daté lui aussi de 1790, installé à Kenwood House près de Londres. Il y a tout lieu de croire que la famille England, comme d’autres facteurs à la même époque, produisaient, en série, des orgues de petite taille. En Angleterre, à cette époque, il y a avait une longue tradition d’orgues de maison avant l’arrivée du pianoforte, beaucoup de familles aisées aimaient orner leurs maisons de ces instruments polyvalents, habillés par des ébénistes dans le style du moment. C’est d’ailleurs grâce à cette mode que quelques instruments d’époque nous sont parvenus plus ou moins intacts, ayant subi moins d’assauts que les orgues d’église.

Sur le plan physique, l’orgue England semble avoir subi une seule modification importante depuis sa construction, l’ajout d’un nouveau soufflet à plis parallèles par le facteur Alexander Buckingham en 1837, et qui a nécessité l'élargissement du buffet vers l’arrière. Pour l’essentiel, c’est-à-dire en ce qui concerne le clavier, le sommier et l’ensemble de la tuyauterie, l’orgue est dans son état d’origine, et la présente restauration a visé à lui redonner sa voix d’antan, sans plus.

L’instrument se compose d’un cadre massif qui supporte le sommier à environ cinq pieds du sol, sur lequel sont attachés le clavier, le tirage des jeux et, dans la partie inférieure, le grand soufflet à plis parallèles superposé au petit soufflet cunéiforme qui l’alimente. Ce petit soufflet est actionné soit par une pédale placée devant l’organiste, soit par un levier à l’arrière. Ce cadre est habillé par les panneaux qui composent la moitié inférieure du buffet. Sur cet assemblage sont placés les panneaux de la partie haute, dont la rigidité est assurée par l’entablement qui se superpose à l’ensemble.

Sur le sommier, derrière la façade composée de trois plate-faces de faux tuyaux en bois doré (des « chanoines »), sont placés les quelques 450 tuyaux de l’orgue. À part le « Stopped Diapason » en bois bouché, à cheminée dans l’aigu, et le hautbois, en étain, tous les tuyaux sont en étoffe (un mélange d’étain et de plomb, à forte teneur de plomb). Puisque le clavier part du sol grave, les tuyaux les plus grands ont cinq pieds un tiers de hauteur. C’est ici qu’on constate l’étonnante habilité, et sans doute la longue expérience, des facteurs qui ont su placer l’ensemble de la tuyauterie dans un espace si restreint, et l’on fait parler avec tant d’éloquence.

Les jeux sont les suivants :

    Deux jeux de huit pieds, le « Open Diapason » du 2e do jusqu’au fa aigu et le « Stopped Diapason », divisé en « Bass » (du premier sol jusqu’au si central) et « Treble » (du do central jusqu’au fa aigu). Ces deux jeux ensemble constituent la base de l’orgue et sont utilisés dans presque tous les mélanges.

    Un jeu de quatre pieds, « Principal », divisé aussi en basses et dessus, et un jeu de deux pieds, le « Fifteenth », qui composent, avec les huit pieds, le plenum de l’orgue.

    Trois jeux solistes de huit pieds, à partir du do central : le « Hautboy », jeu d’anche placé dans sa propre boîte expressive; le « Dulciana », et le « Cornet » de trois rangs (2 2/3, 2, 1 3/5), ce dernier jeu étant complété dans le grave par le « Sesquialtera » de trois rangs pouvant entrer aussi dans le plenum.

L’organiste dispose de trois pédales de fer. Celle du milieu sert à pomper à l’occasion (mais c’est une tâche assez ardue); celle de droite à ouvrir et à fermer la boîte expressive qui contient le hautbois; celle de gauche à enlever (s’ils sont tirés) tous les jeux au-dessus de huit pieds, ce qui permet de passer instantanément de « piano » à « forte ».

Voici donc, sur le plan physique, la composition de l’orgue. Un prochain article traitera des qualités sonores de cet instrument important, et du répertoire d’orgue anglais, très riche mais assez méconnu.


Roger Matton (1929-2004)
par Irène Brisson


Sa vie

Le 7 juin dernier mourait à Québec, à l’âge de 75 ans, dans un oubli quasi total, le compositeur Roger Matton. Pour beaucoup de mélomanes canadiens, ce nom évoque quelques œuvres pour orchestre, un grand Te Deum, un concerto pour deux pianos et une importante contribution aux Archives de folklore de l’Université Laval.

Né le 18 mai 1929, à Granby, Roger Matton est attiré dès sa plus tendre enfance par la musique, chaque membre de sa famille jouant d’un instrument, pour le plaisir. Initié de la sorte au domaine classique et au jazz, il était capable, m’avait-il dit en 1975 (Compositeurs canadiens contemporains, p. 227) de comprendre le langage des sons avant de connaître l’alphabet. Entré à treize ans au Conservatoire de musique de Montréal, récemment fondé, il y eut pour maîtres Arthur Letondal pour le piano et, entre 1945 et 1948, Claude Champagne, dont il fut un des premiers élèves de composition, aux côtés de Pierre Mercure et de François Morel. Parmi ses oeuvres d’étudiant figurent une délicate Berceuse pour piano et une vigoureuse Danse brésilienne pour deux pianos.

Au terme de ses études, Matton part pour Paris et se perfectionne auprès de Nadia Boulanger, d’Andrée Vaurabourg-Honegger (la femme d’Arthur Honegger) et d’Olivier Messiaen, dont il suivra le célèbre cours d’analyse au Conservatoire. Deux œuvres importantes voient alors le jour : la Suite de Pâques pour orgue (1950-52) très marquée par l’esprit français et le chant grégorien, et le Concerto pour deux pianos et percussion (1955) dont la forme est inpirée de Bartók.

De retour au pays en 1955, après un bref détour par Montréal, Matton s’établit définitivement à Québec. Un stage à Ottawa avec Marius Barbeau le plonge dans le domaine du folklore, auquel il avait déjà été sensibilisé par Claude Champagne. Il entre, en 1956, aux Archives de folklore de l’Université Laval et travaille aux côtés de Luc Lacoursière et de Monseigneur Félix-Antoine Savard à faire des relevés, des transcriptions et des enregistrements de chants canadiens-français. Parmi sa contribution à la mise en lumière du folklore acadien figure le recueil des Chansons de Shippagan (1975).

Partagé entre l’enseignement (il aura pour élève, en composition, Alain Gagnon), la recherche ethnomusicologique et la composition, Matton se forge un langage personnel et aborde un répertoire qui sort des sentiers battus : point de symphonies ni d’ouvertures, mais quatre Mouvements symphoniques (1960-1974) explorant la riche palette de l’orchestre, et destinés à l’OSM et à l’OSQ; une légende acadienne lui fournit l’argument d’un ballet, l’Horoscope, tandis qu’un Te Deum (1967) qui peut être considéré comme sa plus grande oeuvre, unit le grégorien à un poème de Félix-Antoine Savard. Sa réputation franchit les limites du pays : le Te Deum est joué et enregistré à Paris; les duettistes Bouchard et Morisset assurent à son concerto pour deux pianos et orchestre (1964) un rayonnement international. Enfin, pour la visite du pape Jean-Paul II à Québec (1984), Roger Matton revient à l’orgue avec Tu es Petrus, une œuvre créée par Claude Lagacé à la basilique Notre-Dame de Québec en présence du souverain pontife. Ce sera sa dernière composition. La mort, deux ans plus tôt, de Félix-Antoine Savard, qu’il considérait comme son deuxième père, le plonge dans un désarroi total. Ayant pris sa retraite à l’université en 1989, Matton disparaît peu à peu de la scène musicale : s’il a des projets plein la tête, pas une commande pour lui donner la force d’aller au bout de ses idées. Celui qui me confiait en 1977 (La Scène musicale, n°279, p. 13) : «  Je suis d’abord un compositeur. C’est là ma raison de vivre », se replie peu à peu sur lui-même et se retrouve pratiquement seul, n’ayant plus aucune famille. C’est sur un lit d’hôpital de longue durée, qu’après des mois de souffrance, il quitte ce monde.

D’abord fortement imprégné de Bartók et de Stravinski, il a parfois intégré des éléments folkloriques dans ses œuvres, démontrant notamment dans son Escaouette (1958) qu’il aurait pu, s’il l’avait voulu, exploiter davantage ce filon qui puise autant dans la thématique acadienne que dans les modes anciens. Peu attiré par le sérialisme et ses dérivés, effleurant à peine l’électroacoustique, ne recherchant pas les « effets » et les jeux complexes d’une notation avant-gardiste pour le simple plaisir d’étonner ou d’innover, Matton s’est forgé un langage personnel, plein de couleur, de rythme et de lyrisme, se définissant, à une certaine époque, comme un « romantique impressionniste ». Son solide métier en a fait un des compositeurs dominants du Québec de l’après-guerre, aux côtés de Pierre Mercure, de Jean Papineau-Couture, de Clermont Pépin, de François Morel et de Gilles Tremblay. Cela lui a valu de nombreuses distinctions : le Prix de la Création musicale (1965), le Prix Calixa-Lavallée (1969) et, en 1984, l’Ordre du Canada. Quant à la Société Radio-Canada, elle lui a consacré un coffret de cinq microsillons (ACM 29) regroupant douze des quatorze œuvres qu’il a conservées à son catalogue, ainsi qu’une entrevue.

Œuvre d’orgue

Sa musique d’orgue se limite à deux œuvres séparées par près de trente ans. Toutes deux ont trouvé en Gaston Arel (après Françoise Aubut pour la Suite de Pâques, et Claude Lagacé pour Tu es Petrus) un ambassadeur qui les a enregistrées (ACM 29) et les inscrites à ses programmes de concerts, comme il l’a fait à Québec, le 31 octobre dernier, pour la Suite de Pâques.

Superposant un langage chromatique et des jeux rythmiques et d’intervalles au dépouillement de trois thèmes grégoriens, le généreux triptyque de la Suite de Pâques repose successivement sur la séquence Victimae paschali laudes, l’antienne Ave maris stella présentée comme une prière pleine de recueillement, et une ample sortie sur Ite missa est! Alleluia! élaborée en toccata aux rythmes complexes. Lors de sa composition, cette œuvre fortement inspirée de l’école française de l’entre-deux-guerres pouvait être considérée comme novatrice dans l’histoire de l’orgue au Québec. Lorsqu’il revient à cet instrument en 1984 avec Tu es Petrus, c’est pour une circonstance très précise : la venue du Pape Jean-Paul II à Québec. Moins audacieuse, surtout pour l’époque, son œuvre de 78 mesures exploite également trois thèmes grégoriens (Tu es Petrus, Veni Creator, Salve Regina) qui dialoguent ou se superposent dans un contexte nettement plus diatonique.

Dernier hommage

Le 8 juillet dernier, grâce à une généreuse initiative de ses amis de Québec, Victor Bouchard et Monique Plamondon, le monde de la musique lui a rendu un dernier hommage lors d’une émouvante cérémonie religieuse qui a rassemblé aux Saints-Martyrs-Canadiens des amis compositeurs (Clermont Pépin, François Morel, Jacques Hétu), des collègues de l’Université Laval et de nombreux admirateurs. La messe a été célébrée par l’abbé Antoine Bouchard tandis que Gaston Arel a joué avec ferveur et émotion deux chorals de Bach et la Suite de Pâques de Matton, qui a été une véritable découverte pour beaucoup d’auditeurs. Faut-il mourir pour être apprécié?


Petite histoire des 10 ans des
Amis de l'orgue d'Edmundston, N.B.

par J. Laurent Geoffroy1


Nous sommes en 1990. L’orgue de la cathédrale de l’Immaculée-Conception d’Edmundston, un Casavant de 44 jeux, datant de 1944, manifeste, selon l’avis de plusieurs mélomanes de la paroisse, des signes de grande fatigue. Une restauration d’envergure s’impose si on veut redonner à l’instrument l’importance qu’il doit occuper dans nos liturgies et dans la vie artistique du milieu. Le comité paroissial pas plus que certaines personnes bien au fait du problème n’osent proposer de solution concrète.

Une idée bien simple et probablement la plus rapide pour arriver à nos fins naît dans nos esprits. Pourquoi ne pas solliciter les familles de la paroisse et des environs et leur demander un don pour la restauration de l’orgue! Si la population est vraiment intéressée, elle répondra sûrement à notre demande. Ce fut le cas. Aucune hésitation, aucune discussion de quelque nature que ce soit n’est intervenue pour ralentir notre projet. Nous étions alors comme dans un rêve où les problèmes trouvent solutions tout naturellement.

Assurés de la coopération de notre curé, le père Almer Levasseur, des membres du comité paroissial et de nombreux bénévoles, une souscription prend forme, se réalise et se termine après quatre mois de travail acharné. Un peu plus 116 000$ sont recueillis alors que les gouvernements fédéral et provincial, répondant à notre demande, ajoutent une rondelette somme de 100 000$. Les travaux de restauration peuvent commencer. Ils sont confiés à la maison Marcel Bertrand de Québec. Les travaux durent un peu plus d’un an. C’est au concert d’inauguration du 23 avril 1993 que la population a pu apprécier les résultats et l’envergure des travaux entrepris.

Maintenant que nous sommes dotés d’un instrument de première qualité, l’idée d’offrir à la population du nord du Nouveau-Brunswick une série de trois concerts consécutifs qui auraient lieu à chaque année à l’intérieur de la Foire brayonne (fête populaire de la région) jaillit d’elle-même. C’est alors que les problèmes d’argent nous ont rattrapés : qui va payer les cachets des artistes, les frais de publicité et quoi encore… Nous sommes sans le sou. Encore une fois, le curé de la cathédrale, le père Almer Levasseur, vient à notre secours et nous offre d’héberger et même de payer les cachets des artistes; nos trois premiers concerts de 1994 sont assurés. Malgré une publicité restreinte, des moyens financiers limités, nos concerts sont un succès; dans notre esprit, il faut absolument que l’expérience se continue.

Depuis dix ans maintenant, grâce au soutien de la population et aux Amis de l’orgue d’Edmundston, des artistes de renom se font entendre sur les grandes orgues de la cathédrale. Tous reconnaissent la sonorité exceptionnelle de l’instrument et la qualité acoustique de la cathédrale. Les concerts, qui au début se donnaient à l’heure du midi, ont maintenant lieu à 19:30 les mercredi, jeudi et vendredi du mois de juillet de chaque année. Le curé actuel de la cathédrale, le père Roger Dionne, reconnaît les efforts des Amis de l’orgue et, tout comme son prédécesseur, accueille chaleureusement tous les artistes.

Bien sûr, à chaque année, nous faisons face aux éternels problèmes financiers et, chaque année, nous questionnons l’avenir des Amis de l’orgue. L’entrée étant toujours libre, nous comptons sur la générosité proverbiale de nos bienfaiteurs, une générosité qui ne nous a jamais fait défaut. L’année 2005 est assurée grâce à une subvention de l’Association culturelle du Haut Saint-Jean. Les artistes invités, pour cette prochaine saison, seront les organistes Catherine Todorovski, Ryan Enright, Jacques Boucher, et la violoniste Anne Robert.

Au cours des ans, le comité des Amis de l’orgue a su regrouper autour de lui des gens dévoués et compétents. C’est grâce à eux si la qualité artistique de nos concerts ne se dément jamais, si la publicité a atteint un degré de maturité peu commun et si notre administration est sans reproche.

En somme, l’histoire des Amis de l’orgue d’Edmundston est une très belle histoire et, comme toutes les belles histoires, elle est, d’abord et avant tout, une histoire d’amour.


1
J. Laurent Geoffroy est le fondateur des Amis de l’orgue d’Edmundston


Portrait d'organiste:
Francis Gagnon

organiste-titulaire
Église Saint-Frédéric de Drummondville

par Michel Villemure


Né à Saint-Hyacinthe, Francis Gagnon y a étudié l’orgue avec Jeanine Spronken. Ensuite au CEGEP de Drummondville, il a travaillé avec Paul Vigeant. Plus tard, à l’Université Laval, il complétera un baccalauréat ainsi qu’une maîtrise en interprétation sous la direction de l’abbé Antoine Bouchard.

Francis Gagnon a le bonheur de vivre au sein d’une famille de musiciens. Son épouse, Diane Blanchard, flûtiste, enseigne la musique au secondaire; Nicolas, 19 ans, étudiant en saxophone au CEGEP de Drummondville, se dirige vers la composition et l’arrangement; Alexandre, 10 ans, travaille la guitare classique.

Depuis 15 ans, Francis Gagnon est professeur de solfège-dictée, théorie, analyse, et harmonie au CEGEP de Drummondville. Il est aussi coordonnateur du département de musique.

Après avoir obtenu un baccalauréat en théologie à l’Université de Sherbrooke, il exerce son ministère auprès de la jeunesse en tant que diacre permanent.

Parallèlement à ses nombreuses activités, Francis est organiste à l’Église Unie Drummondville/Mauricie, paroisse regroupant majoritairement des gens de nationalité suisse alémanique.

Depuis février 2004, Francis Gagnon est le nouvel organiste titulaire des grandes orgues de l’église Saint-Frédéric de Drummondville. Ce poste lui a permis de rependre contact avec la belle tradition de la musique liturgique pour chœur. Gilles Fortin, qui fut titulaire de 1951 à 1975, demeure un précieux collaborateur. Francis Gagnon succède à Marie-Jeanne Ferland qui fut organiste de 1976 à 2004. Il aura ainsi le privilège d’interpréter des œuvres du répertoire sur la majestueux Casavant de tribune (66 jeux, 4 claviers et pédalier) ainsi que sur l’orgue de chœur (9 jeux, 2 claviers et pédalier).

Mentionnons que le 26 septembre dernier, à l’occasion d’une des Journées de la culture, Gilles Fortin et Francis Gagnon ont interprété la Symphonie gothique de Léon Boëllmann en jouant alternativement ces deux instruments!


Célébrations en musique et chant sacré
en l’église Saint-Frédéric de Drummondville

par Sylvie Gagnon, Francis Gagnon et Michel Villemure

« Louez Dieu dans son sanctuaire,
Louez-le par l’éclat du cor,
Louez-le par la harpe et la cithare,
Louez-le par la danse et le tambour,
Louez-le par les cordes et les flûtes,
Louez-le par les cymbales sonores,
Louez-le par les cymbales triomphales!
Que tout ce qui respire loue le Seigneur! »

(Psaume 150)


Voilà passé l’été… saison de célébrations en musique et chant sacré en l’église Saint-Frédéric de Drummondville. Un jour ou l’autre, la musique touche les sens et le cœur, réjouit l’oreille, réveille l’émotion et ouvre les portes de l’âme. Élisabeth Marshall a écrit : « Dans un monde qui a marginalisé la pratique religieuse, le spirituel semble bien resurgir là où on ne l’attend pas; notamment dans l’expression artistique. La musique est peut-être la voie que le sacré emprunte pour parler à l’homme d’aujourd’hui. »

Alors que les population du Proche-Orient, de l’Irak, de la Russie connaissent d’extrêmes violences, des musiciens se sont unis pour jouer le paix, pour chanter la paix, pour danser la paix!

Au cours de cette saison 2004 où se multiplient les lieux d’expression de la musique, entre autres, le Festival Orford, le Camp du Domaine Forget, le Festival de la Musique de Launaudière, etc., l’église Saint-Fédéric de Drummondville a voulu mettre en valeur la beauté du culte grâce à la culture musicale et au tourisme religieux. Dans ce contexte, ont été organisés huit rendez-vous dominicaux (du 18 juillet au 5 septembre) où des artistes professionnels et de la relève ont proposé de l'enchantement sur tous les tons aux assemblées réunies.

Les organistes, dont Francis Gagnon, titulaire de l'orgue de cette église, des saxophonistes, violonistes, trombonistes, sopranos, ténors, basses… ont inspiré, soutenu, guidé les assemblées dans leur recherche de vérité et de bonheur.

Ces temps forts, où chacun se laisse porter « ensemble » dans le repos deviennent de véritables chantiers où l'essentiel se partage entre croyants et moins croyants!

Chaque musicien n’apporte-t-il pas ici son message d’harmonie et de paix… ?

Le comité responsable de ces événements vous convie pour une nouvelle série de célébrations en musique et chant sacré en juillet 2005.


Sylvie Bergeron est marguillière, Francis Gagnon, organiste-titulaire, et Michel Villemure est prêtre.


Jean Boyer (1948-2004)
organiste d'un naturel absolu

par Marie-Aude Roux


L'organiste Jean Boyer, est mort, lundi 28 juin à Lille, des suites d'un cancer. Il était âgé de 56 ans.

Jean Boyer était né le 4 octobre 1948 à Sidi Bel Abbès, en Algérie, dans une famille musicienne. Son père, organiste, élève d'André Marchal, lui donnera très tôt le goût de la musique.

C'est dans la classe de Xavier Darasse qu'il obtient un premier prix d'orgue au Conservatoire de Toulouse en 1969. Il y prend le goût de l'imagination et de la fantaisie, des registrations colorées. Parallèlement, Jean Boyer s'intéresse à la facture des orgues historiques, nombreux dans le Sud-Ouest.

En 1971, Jean Boyer enregistre son premier disque avant de succéder à Michel Chapuis comme titulaire de l'orgue de l'église Saint-Nicolas-des-Champs, à Paris. En 1972, il obtient le Grand Prix du disque. Egalement co-titulaire de l'orgue de l'église Saint-Séverin, à Paris, dès 1975, Jean Boyer a enseigné au Conservatoire de Brest (1980), à la Schola Cantorum à Paris, puis au Conservatoire national de région de Lille, avant de succéder à Xavier Darasse en 1973 comme professeur d'orgue au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon.

Lauréat du concours international d'Arnhem/Nimègue (Pays-Bas) en 1978, admiré comme un maître par ses collègues et élèves, Jean Boyer est cependant resté un organiste relativement méconnu parce que rare au disque.

« Trop de travail pour un résultat insignifiant », disait l'artiste artisan qu'il se revendiquait d'être. Il faut pourtant avoir écouté son interprétation des Chorals de Leipzig de Bach, son intégrale de l'oeuvre pour orgue de Brahms et son enregistrement du Livre d'orgue de Nicolas de Grigny (STIL-Discothèque) pour savoir à quel point un orgue peut jouer de subtilité.

Le Monde, 30 juin 2004


P.S. Marc-André Doran, Régis Rousseau et Marie Bouchard ont étudié sous sa direction.


L'orgue sur le web
par André Côté

À l’occasion de cette édition, je vous propose, question d’oublier la grisaille automnale, un tour du monde organistique. Lorsqu’on parle « orgue », on pense généralement à l’Amérique du Nord et à l’Europe de l’Ouest. Cependant, il existe des destinations souvent moins connues, voire inusitées où le monde de l’orgue est bien vivant.

Comme l’orgue est généralement un instrument associé aux lieux de culte chrétiens, il a réussi à s’implanter un peu partout sur la planète où l’on retrouve des communautés chrétiennes si minimes soient elles.

Ainsi, on retrouve des orgues de facteurs allemands en Afrique du sud depuis 1735. Plusieurs instruments de facteurs anciens et actuels sont disséminés dans ces contrées :

http://www.geocities.com/saorgans/

L’Indonésie avec ses vingt millions de chrétiens pour une population de totale 240 millions recèle quelques instruments intéressants principalement localisés dans la capitale Jakarta. On y retrouve également un Institut de Musique Sacrée :

http://members.westnet.com.au/duncangroup/Pipeorgan/Indonesia/Indonesia.htm

Du côté de l’Europe de l’est, on retrouve en Estonie, une association, l’Estonian Organ Society, qui regroupe les organistes, les facteurs et les amateurs d’orgue :

http://www.hot.ee/eoy/introduction.html

Poursuivons maintenant la visite du secteur de la mer Baltique avec la Pologne qui offre aux amateurs d’orgues d’intéressantes découvertes :

http://staff.elka.pw.edu.pl/~wkaminsk/

L’Amérique du sud avec sa forte population chrétienne n’est pas en reste dans le domaine de l’orgue. Au Chili, plusieurs instruments souvent historiques font la joie des amateurs :

http://www.clr.cl/English-Idx.asp

En Argentine, on peut même, fait étonnant, admirer plusieurs Cavaillé-Coll :

http://www.geocities.com/davidmerello/indexeng.html

Du côté des latitudes plus nordiques, on pourra être étonné d’apprendre que l’Alaska est relativement bien pourvu. Une section de l’American Guild of Organists œuvre principalement dans la région d’Anchorage autour d’orgues de facture récente :

http://www.alaska.net/~stmark/alaskaorgans.htm


Nouvelles des régions

  • Québec

  • par Irène Brisson

      Aux Amis de l'orgue de Québec

      Saison 2003-2004

      La saison 2003-2004 des Amis de l’orgue de Québec a pris fin avec deux concerts très différents : celui de Vincent Brauer (3 avril), présenté à Cap-Rouge sur l’orgue Guilbault-Thérien de l'église Saint-Félix et celui de Christophe Mantoux (15 juin) à l'église Saint-Roch. Différents par le répertoire et par les instruments: musique espagnole de la fin de la Renaissance et de l’époque baroque et musique contemporaine espagnole et polonaise (Stanislaw Moryto et José Luis Turina) pour Vincent Brauer, œuvres de Widor à Jehan Alain, suivies d’une improvisation pour Christophe Mantoux, un des trois juges du Concours d’orgue de Québec. Si le public fut un peu dérouté par certaines sonorités et par la longueur des pages contemporaines présentées par Vincent Brauer, qui les a pourtant défendues avec enthousiasme et compétence, il fut impressionné par le répertoire symphonique français si bien rendu par Christophe Mantoux sur le grand Casavant de Saint-Roch. Pour citer Claude Lagacé, il « a joué un récital d’une très haute qualité que l’auditoire a dûment apprécié, marquant son enthousiasme par des applaudissements bien nourris et l’ovation debout à la fin du concert. Rarement avons-nous entendu mieux exposées les couleurs de ce très bel instrument. »

      Comme pour sonner l’heure des vacances, les Amis de l’orgue de Québec sont allés, le 24 mai, découvrir les orgues de Beauce de Sainte-Marie à Saint-Georges, en passant par East-Broughton et La Guadeloupe. Comme l’a si justement écrit Gilles Lesage, ancien journaliste au Devoir, « en Beauce, la relève est aussi impressionnante que les cathédrales en puissance ».

      Le Concours d'orgue de Québec

      Le 17 juin se tenait, aux Saints-Martyrs-Canadiens, le Concours d’orgue de Québec. En lisant les curriculum vitae des trois candidats, on pouvait s’attendre à une lutte serrée entre les deux plus expérimentés : Ryan Enright (25 ans) et Sunyi Shin (35 ans). La performance plutôt prudente et dénuée de passion de la candidate bardée de diplômes d’origine coréenne lui a valu le 2ème prix, tandis que Ryan Enright, élève de John Grew, a tenu sans flancher tout son programme, méritant indubitablement le premier prix de cette 5ème édition. S’il n’a pas le métier de ses aînés, le plus jeune candidat, Matthieu Latreille (20 ans), en cours d’études de niveau baccalauréat au Conservatoire de Gatineau chez Danielle Dubé, a fait très bonne figure dans ce concours de haut calibre. À surveiller de près.

      L’œuvre canadienne imposée, Étude héroïque, était du Rachel Laurin à l’état pur : une sorte d’étude transcendante très structurée, à la manière de Liszt, avec virtuosité chromatique aux claviers comme au pédalier. Une œuvre de bravoure qui, par sa musicalité, a des chances de survivre au Concours qui l’a engendrée. C’est Ryan Enright qui a remporté le prix spécial destiné à récompenser le meilleur interprète de cette œuvre.

      Selon la tradition, le lauréat du Concours d’orgue de Québec sera entendu, en récital, lors de la saison 2005-2006 des Amis de l’orgue. Le Consulat général de France à Québec, pour sa part, a offert un séjour d’une semaine en France pour rencontrer des organistes et jouer sur quelques instruments historiques.

      Saison 2004-2005

      Pour la rentrée de septembre, les Amis de l’orgue de Québec ont inauguré leur 38ème avec un brillant concert « portes ouvertes » de Philippe Bélanger, présenté sur écran géant. Virtuose accompli, commentateur chaleureux et plein d’esprit, l’organiste de l’Oratoire Saint-Joseph a montré une nature très généreuse et a pris plaisir à jouer d’audace et de couleurs à travers neuf œuvres allant de Bach (Passacaille) à Scott Joplin! On le sent heureux d’oser à l’orgue la marche Pomp and Circumstance d’Elgar et à lui rendre sa couleur orchestrale, et à ciseler sur quatre claviers la Ciaccona de Johann Bernhard Bach. Son improvisation de près de trente minutes (un bel exploit) aurait cependant gagné à développer moins d’idées et à s’en tenir à plus d’unité esthétique.

      Enfin, depuis le 15 octobre dernier, les Amis de l’orgue ont un nouveau conseil d’administration, constitué des membres suivants : Claude Beaudry, président; Richard Paré, vice-président, Michel Boucher, trésorier; Suzanne Boulet, secrétaire; Noëlla Genest, directrice artistique; Irène Brisson, Jean-Charles Castilloux, Esther Clément, Louise Fortin-Bouchard, Nathalie Gagnon, Robert Poliquin, Louise Provencher, Stéphane Saint-Laurent, conseillers.

      Autres nouvelles de Québec

      L’été fut riche en concerts. Le 3ème Festival Bach de Sainte-Foy a accueilli, le 29 juillet, Denis Bédard, dont ce fut le premier concert à Québec depuis son départ pour Vancouver, il y a trois ans. Pour l’occasion, il s’est attaqué aux cinq concertos pour violon transcrits pour orgue par Bach, à partir d’œuvres de Vivaldi et du prince Johann Ernest de Saxe-Weimar. Véritable tour de force que ce concert, tant par le choix des registrations, qui mettaient l’orgue de l'église Saint-Thomas-d’Aquin en valeur, que par le renouvellement de son approche dans chaque œuvre.

      La grande énigme de la rentrée de l’orgue à Québec fut la quasi indifférence dans laquelle a été présentée, à la Basilique Notre-Dame de Québec, l’intégrale Buxtehude par Nathalie Gagnon, Dany Wiseman, Claude Lemieux et Marc D’Anjou. Où étaient passés les « ténors » de l’orgue, les piliers des concerts, qui semblent avoir plus ou moins boudé cette série qui se voulait originale, avec quatre organistes par concert, un chœur (la Schola Cantorum de la basilique) ou un chanteur (l’excellent alto Louis-David Bédard). Quatre personnalités différentes, quatre approches valables, un répertoire à découvrir et une belle mise en valeur de l’orgue de la basilique (qui n’est pas vraiment fait pour ce genre de musique) étaient les atouts de cette série. Cependant, en dehors de quelques préludes et fugues, qui connaît vraiment les chorals, les toccatas et les canzonettes du maître de Lübeck?

      Ce n’est pas la publicité qui a manqué, ni la volonté de faire quelque chose d’attrayant. Peut-être est-ce justement le fait de sortir des sentiers battus qui a dérouté les amateurs d’orgue et découragé les néophytes? Ou encore, l’obligation de sortir quatre dimanches soirs consécutifs pour des concerts assez longs? La gratuité ou la contribution volontaire de nombreux concerts semble avoir un impact négatif sur les concerts payants et surtout, la prolifération anarchique et la concentration dans les mêmes dates, à Québec, de récitals et de festivals témoignent, depuis quelques années, d’un manque flagrant de concertation entre les organistes. Autant d’irritants qui ont porté ombrage à cette intégrale Buxtehude qui sera présentée au printemps à Montréal, et non en novembre, comme annoncé.

      Noëlla Genest, directrice artistique des Amis de l’orgue de Québec depuis 1997, vient de prendre sa retraite au Conservatoire de Québec, où elle a enseigné l’orgue de 1979 à 2004, après avoir été professeure au Conservatoire de Trois-Rivières depuis 1968 et organiste titulaire de la basilique Notre-Dame-du-Cap jusqu’en 1988. Parmi ses élèves figurent les Premiers prix du Conservatoire suivants : Raymond Perrin à Trois Rivières et Sylvain Barrette, Claude Doré, Nicole Lemieux, Jean-Pierre Tailleur, Edith Beaulieu, André Gagnon (Prix du Concours de Québec), Manon Jobin, Dominique Gagnon (2ème prix du Concours de Québec), Dany Wiseman et Frédéric Roberge, à Québec. Si elle met de côté la pédagogie, Noëlla Genest n’en demeurera pas moins active comme concertiste et continuera de s’impliquer dans le rayonnement et la défense de l’orgue à Québec. Danny Belisle, organiste à Saint-Patrick de Québec et concertiste reconnu, lui succède comme professeur d’orgue au Conservatoire. Il sera entendu à plusieurs reprises cette année lors des concerts du Conservatoire.

  • Drummondville

  • par Gilles Fortin

    • Durant le Mondial des Cultures de Drummondville en juillet dernier, cinq récitals d’orgue ont été présentés à Saint-Frédéric. Les interprètes : Jacques Dumaine, Marc Senneville, Francis Gagnon et Gilles Fortin.
    • Beaucoup de paroisses ont des difficultés financières. Saint-Frédéric de Drummondville ne fait exception à la règle. L’assemblée de fabrique a accepté la mise sur pieds d’une fondation pour la préservation, l’entretien, et, si possible, l’amélioration des orgues de l’église, et ce, tant que l’église servira à des fins de culte, de culture et de tourisme religieux. Voilà une façon originale de conserver un bien culturel inestimable.


    Anniversaires en musique
    par Irène Brisson

    Que réserve 2005 aux organistes? Si l’année qui se prépare n’est pas un grand cru comme celle qui s’achève, elle nous réserve quelques curiosités, en commençant par le 250ème anniversaire de la mort d’Antoine Calvière (1695-1755), organiste à Notre-Dame de Paris, grand admirateur de Couperin et dont une seule pièce d’orgue sans titre précis nous est parvenue, nous faisant regretter, par son originalité, la perte de ses autres manuscrits.

    Peu connues, et ayant fait l’objet d’un enregistrement par Michelle Leclerc (chez Aeolus) à l’orgue Cavaillé-Coll de Notre-Dame d’Auteuil, les modales petites Vêpres des vierges d’Ernest Chausson, créées en 1901 par Charles Tournemire rappellent que l’auteur du Poème pour violon, mort tragiquement en 1899 après une chute en bicyclette, naquit il y a 150 ans, en 1855.

    Autre compositeur souvent négligé, le Breton Guy Ropartz (1864-1955) mérite le détour avec notamment sa Rhapsodie sur des Noëls bretons et ses Six pièces de la fin du XIXème siècle, comprenant deux pièces funèbres à la mémoire de Guilmant et de Chausson.

    De quoi sortir des sentiers battus!


    Dans le monde du disque
    • Yves-G. Préfontaine et Les Chantres du Roy
      • Gaspard Corrette: La Messe du 8s ton à l'usage des dames religieuses
        Orgue Junien Tribuot (1699) - Seurre (Côte d'Or)
        ATMA ACD 2-2345

    • Catherine Todorovsky
      • Antonio Vivaldi, opus 4: La Stravaganza
        Orgue Grenzing de l'Abbatiale - Saint-Cyprien-en-Périgord
        Cette oeuvre qui regroupe douze concertos a été transcrite pour orgue par notre collège Catherine. Disponible en France en mai 2004, cet enregistrement est attendu au Québec d'ici Noël 2004.
        SYRIUS 141373

      NDLR: Ces nouveaux CD feront l'objet d'une recension dans le prochain Mixtures.


    Nos duettistes Poirier-Crozier en Allemagne

      À l'été 2004, Sylvie Poirier et Philip Crozier ont effectué une tournée de six concerts en Allemagne avec le support financier du Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada. Leurs programmes à Steinfeld, Grossräschen, Trier (Trèves), Bonn, Stollberg et Chemnitz comprenaient des oeuvres à quatre mains de nos compositeurs canadiens, Denis Bédard et Jacobus Kloppers.


    Revue des revues
    compilée par Gaston Arel
    La Tribune de l'orgue
    REVUE SUISSE ROMANDE
    Guy Bovet
    CH-1323 Romainmotier, Suisse
  • 56e année, No 1 (2004)
    Éditorial – Un cours de Joris Verdun sur l’harmonium – Le piano-harmonium de Franz Liszt – L'harmonium Dumont-Lelièvre d’Albert Alain – Le quart d’heure d’improvisation – Septième année de la TDLO – L’orgue portatif – Réflexions sur l’orgue portatif d’hier et d’aujourd’hui – Les mémoires de Don Aldo Lanini – Hommage à Georges Lhôte – Livres, disques, partitions, et alia , divers, revue de presse, cours, concours, congrès et académies, calendrier des concerts – Couverture : L’orgue du Dome d’Osnabrück.
  • 56e année - No 2 - (2004)
    Éditorial – Un orgue à double tempérament (presque) en Suisse – L’accompagnement du mois – Le quart d’heure d’improvisation – Franz Liszt, quelques remarques après un enregistrement – Huitième année de la TDLO – André Silbermann à Paris – Chronique du temps jadis – Les mémoires de Don Aldo Lanini (2) – Georges Lhôte : quelques points de repères - Souvenir d’Ireneo Fuser – L’orgue du Dome d’Osnabrück – Les voyages de M. Philéas Fogg – Disques, partitions, CD-ROM, et alia, courrier, nouvelles, divers… revue de presse, cours, concours, congrès et académies, calendrier des concerts – Couverture : L’orgue du Dome d’Osnabrück.
  • L'orgue francophone en bref
    Supplément du Bulletin de liaison de la
    Fédération francophone des Amis de l'orgue
    35 Quai Gailleton,
    69002 Lyon, France
  • No 38 (mars 2004)
    Concerts – Route des orgues – Propos du Père Sage – Stages, académies – Festivals – Concours d’orgue – Brèves de tribunes – Nouveautés CD – Livres et partitions – Échos – Cartes postales – Vidéo, expositions, @ – J’aime l’harmonium – Carnet – Rubrique juridique – Petites annonces – Musicora.
  • No 39 (juin 2004)
    Concerts – Route des orgues – Propos du Père Sage – Stages, académies – Festivals – Concours d’orgue – Brèves de tribunes – Nouveautés CD – Livres et partitions – Videos, CD-Rom – Échos – Cartes postales – Expositions, @ – J’aime l’harmonium – Carnet – Rubrique juridique – Petites annonces.
  • Point d'orgue
    BULLETIN DE LIAISON DE L'ASSOCIATION DES AMIS DE L'ORGUE DE LA VENDÉE,
    3 rue Victor-Hugo,
    85580 Saint-Michel-en L'Herm, France
  • No 105 (juillet 2004)
    Chavagnes-en-Paillers 15-18 avril 2004 : 11e Académie d’orgue – Les Essarts, le 23 avril 2004 : concert trompette et orgue – Pouzauges, église St-Jacques : bénédiction et inauguration de l’orgue – Saint-Aubi-du-Plain : ce que peut faire l’amour de l’orgue – Croix-de-Vie, le 5 octobre 2003 : concert de J.-P. Leguay – Maurice Dorie : un organiste fidèle – Ma musique des sphères.
  • Bulletin d'information de l'Association des amis de l'orgue de Versailles et de sa région
    20 rue Montbauron,
    78000 Versailles, France
  • No 55 (juin 2004)
    Célébration du 100e anniversaire de la naissance d’André Fleury – Témoignage de la filleule d’André Fleury – Assemblée générale du 3 avril 2004 – Audition de l’orgue de Plaisir – In Memoriam Louis Millioud – Disparition de Joachim Havard de la Montagne – Hommage à Norbert Dufourq – Les œuvres de Jacques de la Presle (complément à l’article paru dans notre bulletin de Juin 2003) – Concert de Jean-Pierre Milioud à Niort – Visite des orgues de salon de Jean-Claude Quint, Régine Cabannes – Festivals, académies, stages, concerts – Festival d’orgue de Saint-Étienne-du-Mont – L’orgue à la cathédrale de Chartres – Disque de musique d’orgue – « Écouté pour vous » – Livres – Journées danoises – Restauration de l’orgue de l’église de Montfort l’Amaury. - Erratum.
  • Musica et Memoria
    ASSOCIATION ÉLISABETH HAVARD DE LA MONTAGNE,
    Le Moulin Blanc,
    87300 Bellac, France
  • no 91-92 (août-décembre 2003)
    Disparition de Joachim Havard de la Montagne – Chronique chronologique des œuvres de Joachim Havard de la Montagne – Quelques réflexions sur l’éducation musicale en France – Obtuaire des musiciens : janvier à juillet 2003 – Les instruments à l’église – Revue des revues – Fac-similé affiche concert 15 novembre 1972, église de La Madeleine, Paris.
  • Le Magazine de l'Orgue
    Rue du Trône, 200, B-1050 Bruxelles, Belgique
  • no 79 (avril-mai 2004)
    Prélude – 14 CD’s classés par compositeurs – XIV questions à Kenneeth Gilbert – 9 CD’s récitals classés par interprètes – 8 CD’s en bref – La Boutique du M’O – 4 livres sur l’orgue – 9 partitions d’orgue – Agenda des concerts.
  • Le Tuyau
    Bulletin de liaison de l'Association
    « Connaissance et pratique de l'orgue »
    Montpellier, France
  • no 35 (1er semestre 2004)
    Édito : Jacques Bétoulières – Le grand orgue historique de Cintegabelle – Conte du gecko – Chronique discographique – Revue des revues, livres, partitions – Une énigme résolue – Reconnaissez-vous cet orgue ?
  • Arte organaria e organistica
    Casa Musicale Edizioni Carrara, Via Calepio
    4-24125 Bergamo, Italia
  • Anno XI, no 50 (Gennaio-Marzo 2004)
    Gli organi di Mafra – « Antiche Armonie » dall’entroterra marchigiano – Marco Enrico Bossi…il terzo volume – Gli organi del Duomo di Monza – L’organo « Cavalletti-Aletti » della Basilica di San Giovanni in Canale a Piacenza – Claudio Merulo da Correggio (1533-1604) « Principe dei Contrappuinstisti e degli Organisti del XVI secolo » – Charles Gounod tra Faust e Santa Cecilia.
  • Anno XI, no 51 (Aprile-Giugno 2004)
    Sonorità adriatiche – Une bella realtà – Quando il restauro è arte – L’organo « alla Silbermann » di Gesso (Bo) – L’organo Carlo Vegezzi Bossi della Cattedrale di San Giusto in Susa (To) – La musica nel silenzio – L’organaro Gottfried Silbermann (1683-1753) – Wilhelm Friedemann Bach e alcune riflessioni sui metodi per tastiera di suo padre.
  • Orgue Canada
    Journal triannuel du Collège royal canadien des organistes (RCCO / CRCO)
  • vol. 17 no 1 (March 2004)
    A New Scholarship for Canadian Organ Students – Report of the Nominating Commitee – President’s Message – Summer Organ Academies – Soul Music : The Inspiring Career of Jan Overduin – Church Positions Available – From the Builders – Two Unusual Organ and Wind Instrument Duos – A New Hymn – An Organ Miniature – A Canadian Organ Lesson – RCCO Mascot Appointed – Reviews – National Council Report.
  • vol. 17 no 2 (June 2004)
    Orgues Létourneau celebrates 25th Anniversary – President’s Message – Sixteen Notes – Call to Creators, Publisher, and Performers – Hindsight – An Organ Miniature – Report of the Nominating Committee – Positions Available – Sixteenth Notes – S. Drummond Wolff (1916-2004) – A Canadian Organ Lesson – RCCO Publications.
  • vol. 17 no 3 (September 2004)
    Naji Hakim Headlines the Winnipeg RCCO Convention – President’s Message – Sing a New Song – Kney organ featured in Waterloo, Ontario Concert Series – London Organ Festival 2005 – Sixteenth Notes – Music that Moves the Heart – Hindsight – An Organ Miniature – Cathedral Singers of Ontario visit the United Kingdom – Te Deum Laudamus – Reviews.
  • Bulletin
    RCCO-CRCO
    Centre de Montréal
  • volume 15, no 4 (May 2004)
    From the President – Choral Workshop with Julian Wachner – Les Amis de l’orgue de Montréal présentent Maurice Clerc – English Cathedral Organist Andrew Teague in Montreal – Concordia Music Students visit von Beckerath organ at St. Joseph’s Oratory – Cloches et carillons – Names in the News.
  • volume 16, no 1 (September 2004)
    From the President – The Neded to Beguile (Vol 15 No 4, May 2004 : From the President – « The Life and Times of an Organist : A Treatrical Voyage » (Vol 15 No 4) – Some Impressions of the AGO Convention, Los Angeles, 2004 – The First Distinguished Service Award Montreal Centre, RCCO – Edward (Ed) T. Brown – Names in the News.
  • Organ Alternatives
    The triannual Internet publication. www.OrgAlt.com
  • no 39 (Fall-Winter 2004)
    Organconcerts.ca – Organ « Lost Lands » II – Piping the Record – The Organ Concerts and Academy at Stratford – A Pipe Organ for qa Song – Alternative OrgaNews – Double Silver – At Home with « Les Frères Casavant » - Casavant Frères : 125th Annivesary – Pow! Pipe Organ Weeks in London and Hamilton.
  • Notes d'agrément
    Bulletin de liaison
    des Amis de l'orgue de Rimouski
  • volume 9, no 5 (mars 2004)
    Le mot de la rédaction – Voix, cordes & orgue en concert à Saint-Pie X – Retour du Festival d’orgue et de clavecin – Le docteur Gaétan Smith, président d’honneur – Une conférence fort enrichissante.
  • volume 9, no 6 (mars 2004)
    Le mot de la rédaction – Dominique Coulombe en concert à sa tribune de Saint-Pie X – Deux passionnées de l’orgue et du clavecin en concert à Saint-Pie X.
  • volume 9, no 7 (juin 2004)
    Le mot de la rédaction – Tendance musique française au Festival d’orgue et de clavecin – Passeports disponibles à prix d’amis.
  • volume 10, no 1 (septembre 2004)
    Le mot de la rédaction – Privilège des membres : abonnement à petit tarif – L’orgue convivial.
  • volume 10, no 2 (octobre 2004)
    Le mot de la rédaction – Albert et mille airs… ou Stradivarius perdu dans une forêt de tuyaux – Un souvenir du passé – Petit glossaire – Quand la « convergence » a bonne presse.

  • Mots croisés